Terrorisme : L’indispensable coopération franco-espagnole

6 avril 2004 - 09h03 - Espagne - Ecrit par :

Si les islamistes interpellés hier ne sont pas impliqués dans les attentats de Madrid, les enquêteurs espagnols seront naturellement intéressés tant par leurs déclarations que par les documents saisis ou par l’exploitation de leur téléphone portable.

Dès mai 2003, quelques jours après les attentats de Casablanca, les ministres de l’Intérieur du G 5 (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) avaient d’ailleurs décidé que leurs polices collaboreraient activement sur ce dossier. Des échanges entre justice française et espagnole ont déjà eu lieu dans le cadre de l’information judiciaire confiée aux juges Jean-Louis Bruguière et Jean-François Ricard dès le 19 mai 2003 pour « assassinats, complicité d’assassinats, tentative d’assassinat, infraction à la législation sur les explosifs et association de malfaiteurs ». Français et Espagnols pourront aussi coopérer dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après les attentats de Madrid.

Après des années de balbutiement, et un sérieux coup de fouet après le 11 septembre 2001, cette coopération dans la lutte contre l’islamisme est plus que jamais vitale. Depuis près de dix ans, les islamistes espagnols sont présents dans les dossiers instruits en France. Un constat que l’enquête sur les attentats de Casablanca et les premiers résultats sur ceux de Madrid ne font que confirmer. Au Maroc comme en Espagne, des Français d’origine marocaine comme Abdelaziz Benyaich ou Karim el Mejjati, sont en première ligne dans la liste des suspects.

Quant à la base de repli espagnole, elle apparaît dans les trois affaires présentées par les policiers et les magistrats français comme les plus sérieuses de ces dernières années : le projet d’attentat à Strasbourg fin 2000, celui contre des intérêts américains en Europe en 2001 et enfin celui fomenté par le commando interpellé à Romainville et La Courneuve fin 2002.

Après plusieurs mois d’enquête, le chef du commando impliqué dans le projet de Strasbourg, Mohamed Bensakhria, était interpellé en Espagne le 22 juin 2001. Présenté comme un des responsables d’al-Qaida en Europe, l’homme sera extradé vers la France quelques semaines plus tard. La suite de l’enquête démontrera que nombre de membres du commando étaient passés par la péninsule ibérique.

Les projets d’attentats du groupe « Beghal », du nom de son chef présumé Djamel Beghal, ont aussi conduit les magistrats français sur les routes du sud. Arrêté à Dubaï en juillet Z001, Beghal se rendait régulièrement en Espagne ainsi qu’au Maroc.

Dernier projet d’importance pour les spécialistes de l’antiterrorisme, les projets d’attentat déjoués en décembre 2002 ont également eu pour toile de fond l’Espagne d’où venaient plusieurs terroristes potentiels. À l’époque, des tensions avaient d’ailleurs opposé magistrats français et espagnols, les premiers reprochant aux seconds de remettre en liberté des suspects en arguant du fait d’une insuffisance de preuves.

Le Figaro

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Terrorisme

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Un dangereux complot terroriste déjoué au Maroc

Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) a réussi à déjouer un plan terroriste dangereux visant le Maroc, commandité par un haut dirigeant de Daech dans la région du Sahel.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Il y a 13 ans, Imad Ibn Ziaten était assassiné par Mohamed Merah

Toulouse accueille ce mardi 11 mars l’hommage national aux victimes du terrorisme. Latifa Ibn Ziaten, dont le fils Imad a été assassiné par Mohamed Merah il y a treize ans, est une figure active de la lutte contre la radicalisation et de la promotion...