« Comme n’importe quel centre fermé, évidemment, à partir du moment où c’est entièrement clos, il y a des dérives. Et des dérives, il y en a eu beaucoup. […] La violence physique, la violence morale. Ce qui affecte le plus, c’est toujours cette dévalorisation, qu’on ne vaut rien, qu’il n’y a que notre âme à sauve », raconte à Brut Fabienne Bichet.
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Elle se souvient du calvaire vécu à Toulouse. « Moi, j’étais à Toulouse, j’étais enfermée dans un ancien couvent et il y avait des murs de deux mètres de haut avec des tessons de bouteille tout autour. Pour pas qu’on fugue », détaille Fabienne Bichet, précisant que tous ces foyers étaient surveillés par les réseaux de la prostitution.
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Fabienne confie par ailleurs avoir été vendue. « […] inévitablement, on était piégées et violentées, et personnellement, j’ai même été vendue, j’ai été vendue pour partir sur un bateau à Tanger. J’étais l’objet de la vente, j’ai vu les billets sur la table, je suis allée aux toilettes, il y avait une lucarne dans les toilettes et j’ai pu me sauver. » Et de s’interroger : « Mais pour moi, qui ai pu me sauver, combien sont tombées dans le même piège que moi, combien ont été vendues, combien sont parties sur des bateaux à Tanger ? »