Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...
Les droits des femmes et des enfants à l’assaut des technologies de l’information pour que plus jamais, les unes et les autres, n’ignorent ces lois nouvelles tendant à rendre leur vie meilleure et, surtout, digne : tel est le projet à la fois généreux et ambitieux mis en place par l’Organisation marocaine des droits humains, (OMDH) et le programme Iktidar du PNUD et présenté lundi 10 décembre, à l’occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, au siège du Conseil consultatif des droits de l’Homme.
Au commencement, la rencontre de deux femmes, battantes et éprises de culture d’égalité, Amina Bouayach, la présidente de l’OMDH et Najat Rochdi, la directrice régionale du programme onusien Iktidar et, au bout, un projet, « Wrcati » visant le renforcement des droits des femmes et des enfants par l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.
Au-delà des discours toujours monuments de bonnes intentions dès qu’il s’agit de la moitié du ciel et de la société, « Wrcati » est une très concrète banque de données qui prend la forme d’un site web et d’un CD-rom. « Depuis la révolution industrielle, il n’y a rien eu d’important dans l’évolution de l’humanité jusqu’à ce que la révolution technologique gagne tous les continents », résume Najat Rochdi.
Et c’est par la magie des technologies de l’information et de la communication que désormais toutes les lois relatives aux droits des femmes marocaines musulmanes et juives et à ceux des enfants sont en ligne. De la Moudawana au Code du travail en passant par celui de la nationalité ou encore le Code pénal, c’est une compilation des textes de lois civiles, pénales, économiques, etc, qui seront désormais accessibles à tous les intervenants en charge des droits des femmes et des enfants.
En plus de la législation nationale, les conventions internationales relatives aux droits de ces deux catégories de la population et ratifiées par le Maroc font également partie de cette compilation. Le président du Conseil consultatif des droits de l’Homme est le premier à le reconnaître : « Il y a parfois loin entre les textes et leur application. Beaucoup de Marocaines ignorent leurs droits, surtout s’ils sont nouveaux ».
Le suivi des jugements en ligne
Une banque de données qui se présente comme un outil de travail à la fois simple, accessible et qui facilite l’accès à l’information. Ceux qui consulteront le site –la population ciblée est d’abord les associations de défense des droits des femmes et des enfants- auront à leur disposition des informations pratiques telle que les coordonnées des associations marocaines et celles des différentes chambres de tribunaux en charge des affaires de famille. Et dans les mois à venir, le suivi des jugements de toutes les affaires relevant du Code de la famille pourra être effectué en ligne. « Le ministère de la Justice qui est au cœur des droits humains a bien l’intention d’appuyer et de soutenir le projet Wrcati. La généralisation de la connaissance de la loi est essentielle pour les droits et devoirs de chacun et chacune. Et le bulletin officiel ne suffit pas à lui seul pour que soit répandue et ancrée la culture de l’égalité », commente le secrétaire général du ministère de la Justice, M. Lididi.
Le site web –pour le moment hébergé par l’OMDH et le PNUD- et les CD qui seront dans une prochaine étape édités par milliers dans les différents dialectes du pays comprennent également une partie questions-réponses. « Ce sont en fait les interrogations qui reviennent le plus souvent chez les Marocaines en quête de leurs droits. Nous avons travaillé sur la base d’un questionnaire que nous avions adressé aux associations féminines. La question de la pension alimentaire est par exemple la plus citée. C’est pourquoi une réforme de la justice axée essentiellement sur l’accélération des procédures comme celle de la pension alimentaire devient nécessaire », explique celle qui préside aux destinées de l’Organisation marocaine des droits humains.
Au total, ce sont 225 questions dont six propres à la femme émigrée et 11 aux Marocaines de confession juive qui trouvent réponse sur le site. Des réponses simplifiées, succintes et précises sur le droit de garde, le divorce, la répudiation, le harcèlement, le mariage, le licenciement abusif, l’identité d’un enfant abandonné etc.
La représentativité des femmes et celle de l’humanité avait coutume de dire Boutros Boutros-Ghali, l’ancien secrétaire général de l’ONU. Aujourd’hui, avec « Wrcati », une page nouvelle s’ouvre dans le livre de la connaissance des droits des Marocaines. Parce que, exactement comme la loi et le fameux adage, nulle femme n’est censée ignorer ses droits, au Maroc en 2007…
Libération - Narjis Rerhaye
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