
Le Roi Mohammed VI, dans un discours prononcé à l’ouverture de la session parlementaire, a fait part de l’introduction d’un programme d’aide sociale à la fin de l’année 2023.
L’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun était l’invité hier à Metz de la librairie Géronimo pour son dernier livre Au Pays. Le retour désenchanté d’un immigré au Maroc.
Avec La Plus Haute des Solitudes, paru en 1977, vous décriviez la misère sociale et affective des travailleurs émigrés maghrébins. Au Pays, raconte le retour au Maroc d’un des leurs. Pourquoi ?
Tahar Ben Jelloun : « J’ai observé les hommes de cette génération et j’ai été impressionné par leur tristesse et la mélancolie qu’ils transportent avec eux. Les Français retraités sont gais, font des voyages. Mohamed, personnage principal de mon roman, et beaucoup d’autres comme lui sont, au contraire abattus et dans une sorte de défaite. »
Pourquoi avoir choisi un retour désenchanté ?
« Simplement parce que je ne connais pas d’exemple d’immigrés soutenus par sa famille ! »
Votre personnage n’aime pas les dérives fanatiques de l’Islam. C’est lui ou vous qui pensez cela ?
« C’est eux qui parlent. Les vieux ont pratiqué un Islam tranquille. Après la Révolution iranienne de 1978-1979, les gens se sont enflammés. Or, les Marocains ont été aussi étonnés par cela que les Européens. Quand l’Islam envahit la scène politique, les choses deviennent terribles. »
Ce roman, n’est-il pas une allégorie pour annoncer votre retraite de l’écriture ?
« Jamais ! Un écrivain n’a pas droit au chômage et à la grève donc il n’a pas droit à la retraite ! J’espère continuer à écrire. »
Pour autant, vous le rédigez à 65 ans ce qui n’est pas anodin…
« Je me souviens de Romain Gary qui après avoir écrit Au-delà de cette limite, a senti qu’il ne faisait plus recette et a eu cette idée géniale de redevenir très jeune en écrivant La vie devant soi, une œuvre magistrale ! Les livres de Philippe Roth accompagnent son âge. Il est question d’un homme qui vieillit, qui a du mal à faire l’amour… Il y a, c’est vrai, un va-et-vient entre la vie de l’écrivain et ce qu’il écrit ! Disons qu’il y a peut-être chez moi des inquiétudes. »
Source : Le Républicain Lorrain - Gaël Calvez
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