Le ministère marocain de la Transition énergétique et du développement durable vient d’accorder un nouveau permis pour l’exploitation d’un nouveau champ de gaz naturel à Douar Oulad Belkheir, dans l’ouest du royaume.
Une stratégie énergétique 2020-2030 vient d’être dévoilée par le ministère de tutelle. Elle intervient juste après le lancement du programme national d’actions prioritaires 2008-2010 (PNAP). Celui-ci devra parer aux « aléas » conjoncturels et rééquilibrer l’offre et la demande en électricité.
Côté stratégie 2020-2030, experts et opérateurs ont été sollicités, pendant près de 5 mois, en vue d’en déterminer les axes. Le tout est « d’assurer une offre énergétique compétitive pour l’économie », selon le département de l’Energie et des Mines. L’indépendance et la sécurité énergétique ne sont pas en reste. Car la production locale, principalement hydro-électrique, est à peine de 4% ! Sans compter avec la prédominance des produits pétroliers.
Cette stratégie se base sur trois principes : pragmatisme, anticipation et efficacité. Son 1er volet opte pour le charbon et les ressources en gaz disponibles comme source d’approvisionnement prioritaire. L’importation du gaz naturel, de l’Algérie par exemple, deviendrait une option mineure.
Parallèlement, des « scénarios alternatifs » ont été établis. Là aussi le développement du gaz se démarque en tant que « source plus importante pour la base… ». Ce choix va se traduire par l’exploration continue de deux options : l’extension du gazoduc Maghreb-Euro et du GNL.
Les énergies propres, à travers le programme Energipro, n’ont pas été écartées. Les parcs éoliens doivent assurer une offre d’auto-production de 700 MW d’ici 4 ans.
A tel point que le département de l’Energie évoque « la promotion de projets d’export ». Mais « sans garantie ni subvention gouvernementale ». D’autres mesures telles que la mise à jour de l’Atlas de l’éolien sont prévues.
Pour l’électricité, le renforcement de l’interconnexion avec l’Espagne et l’Algérie figure dans les scénarios alternatifs. Cependant, le Maroc envisage de réduire cette dépendance structurelle à l’interconnexion en la rendant une source d’arbitrage économique. Autant dire que le statut énergétique de l’interconnexion change. L’on passe d’une source-besoin à une source-option. Un passage qui reflète ce souci d’indépendance si « cher » au Maroc… Entre 2003-2007, les statistiques du ministère reflètent un « accroissement soutenu de la demande pour l’électricité, soit 8% ».
Les ressources hydro-électriques seront optimisées par un découplage de la fonction hydro-électrique et irrigation. Face aux tensions géopolitiques persistantes, les voies énergétiques alternatives sont plus que jamais d’actualité. Quatre options sont en ligne de mire. Le programme de nucléaire civil 2020-2025 sera poursuivi. Quant à l’énergie solaire, elle sera développée en s’appuyant sur des financements étrangers. L’exploration de la voie des biomasses, en exploitant des algues, est envisagée aussi. Un arbitrage, en vue d’ici 2013, va se faire pour le programme des schistes bitumeux.
Le 3e volet revendique « une efficacité énergétique institutionnalisée ». Industrie, transport et bâtiment sont concernés. Pour ce dernier secteur, par exemple, on compte élaborer un code d’efficacité énergétique ou encore le développement des chauffe-eau solaires en atteignant 440.000 m2 d’ici quatre ans.
Le pendant de l’axe « efficacité » est l’extension multi-annuelle du PNAP. C’est une sorte de plan d’urgence pour réagir à une conjoncture marquée par la flambée des matières premières et la voracité énergétique des pays du BRIC (Brésil, Inde, Chine…). Le 15 avril dernier, il a été décidé « de mettre en place une feuille de route pour résoudre l’équation offre/demande en électricité. Réduire la consommation des produits pétroliers est l’une de ses composantes. Son exécution a été confiée à sept groupes de travail. Elle a été couronnée par la signature, le 8 juillet dernier, d’un contrat- programme entre l’Etat et les distributeurs (ONE, Amendis, Redal…) .
Par ailleurs, plusieurs projets de production d’électricité sont en cours de finalisation. Le parc éolien à Tanger, d’une capacité de production de 140 MG, verra le jour en avril 2009. L’agenda prévoit le lancement de cinq autres sites, dont un de turbine à gaz à Mohammedia. L’échéance la plus proche est celle du site d’El Borj en août et de Tafanit en octobre prochain. Le tout est d’étoffer l’offre pour atteindre 1068 MW.
Source : L’Economiste - F. F.
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