Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.
Au moins 24 personnes ont été tuées et une soixantaine d’autres blessées vendredi soir dans cinq attaques-suicides quasi simultanées à Casablanca, capitale économique du Maroc. "Le terrorisme international a frappé ce soir à Casablanca", a déclaré le ministre marocain de l’intérieur, Moustafa Sahel, cité par la chaîne de télévision 2 M.
"Le but visé par les terroristes, a estimé M.
Sahel, est de porter atteinte au processus démocratique au Maroc et à son "pluralisme" politique. "Le Maroc, a-t-il ajouté, ne se laissera pas intimider par ceux qui ont choisi de tuer des innocents".
Interrogé sur un éventuel rapport entre les attentats de Casablanca et ceux de Riyad, lundi, qui ont fait 34 morts, selon un bilan saoudien, le ministre a déclaré qu’"on peut remarquer la concomitance et la similitude du mode opératoire" entre ces deux séries d’actions. Parmi les morts figure une dizaine d’assaillants, a déclaré M. Sahel. Certains d’entre eux ont utilisé des voitures piégées.
Une large majorité de la soixantaine de blessés des attentats de Casablanca sont des Marocains, selon des indications recueillies dans la nuit à l’hôpital Averroes, le principal hôpital de la ville, où la plupart des victimes ont été transportés.
Les explosions ont retenti vers 22 heures à Casablanca. Trois voitures piégées ont explosé respectivement près du consulat de Belgique, de l’Hotel Safir et du Cercle de l’alliance israélite, et une ou deux bombes ont explosé à la Casa Espana (Maison d’Espagne), le cercle culturel hispanique pourvu d’un restaurant très fréquenté.
SUSPECTS ARRÊTÉS
La plupart des victimes ont été touchées à ce restaurant, d’après les journalistes marocains. A Madrid, un diplomate espagnol a déclaré que le consulat à Casablanca avait rapporté que trois personnes portant des ceintures explosives étaient entrées dans le restaurant. Ancienne puissance coloniale, l’Espagne entretient des relations diplomatiques tendues avec le Maroc et a apporté son soutien aux Etats-Unis dans la guerre en Irak. Des témoins ont recensés huit morts à l’hôtel Safir.
L’ambassade de Belgique à Rabat a annoncé que deux policiers avaient été tués à l’extérieur de son consulat à Casablanca et qu’un vigile avait été blessé. L’immeuble de cinq étages, qui se trouve en face d’un restaurant italien dont les propriétaires sont juifs, a été fortement endommagé. Trois suspects ont été arrêtés, parmi lesquels un kamikaze présumé, d’après le ministre de l’intérieur.
D’après une source diplomatique espagnole à Madrid, le consulat espagnol a fait état d’une explosion près du bureau ou de la résidence du consul américain, voisine de la mission diplomatique belge.
AL-QAIDA POINTÉ DU DOIGT
A Washington, le porte-parole du département d’Etat a cependant affirmé qu’aucun bâtiment officiel américain n’avait été touché. Ces explosions surviennent après les attaques suicide imputées à Al-Qaida perpétrées lundi à Riyad contre trois complexes résidentiels d’expatriés en Arabie saoudite, dans lesquelles 34 personnes sont mortes.
Un responsable américain s’exprimant à Washington sous le sceau de l’anonymat a jugé "crédible" l’implication d’Al-Qaida dans les attentats de Casablanca. Le chef du réseau Al-Qaida, Oussama Ben Laden avait cité le Maroc, en février, parmi les pays arabes "apostats" dans une cassette sonore qui lui avait été attribuée.
"Les musulmans doivent se mobiliser pour se libérer du joug de ces régimes apostats, asservis par l’Amérique. Parmi les pays qui devraient être libérés figurent la Jordanie, le Maroc, le Nigeria, le Pakistan, le pays des deux saintes mosquées (l’Arabie saoudite) et le Yémen", avait-il dit.
En mai et juin 2002, les autorités marocaines ont arrêté trois Saoudiens et sept Marocains accusés de liens avec Al-Qaida. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu attaquer des navires de guerre américains et britanniques franchissant le détroit de Gibraltar ainsi que des sites touristiques au Maroc. En août dernier, les autorités ont arrêté 30 militants islamistes accusés d’avoir tué plusieurs Marocains.
Le Monde, France
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