Au Maroc, des ingénieurs et autres consultants en informatique ont trouvé la formule pour échapper au fisc. Ils proposent de manière informelle leurs services aux grandes entreprises qui les paient via des intermédiaires.
Même si elle progresse d’une année à l’autre (au rythme de 13-15% en termes d’affiliés), l’économie organisée ne parvient toujours pas à détrôner l’informel, tant en nombre d’unités que de personnes employées. Certains estiment d’ailleurs l’activité informelle à quelque 20% du PIB, « au moins » ! En tout cas, les seules statistiques officielles disponibles, celles du Haut commissariat au Plan (HCP), parlent de 1,2 million d’unités informelles, employant quelque 2 millions de personnes. Et cette enquête remonte... à 2002 !
Malgré tout, le nombre d’entreprises qui s’affilient à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est en hausse. Ainsi, entre 2005 et 2006, cette hausse est de 13,8%, le nombre d’entreprises affiliées étant passé de 163 026 à 185 502 (ces chiffres restent encore provisoires, tient à préciser la CNSS, la situation définitive étant arrêtée deux ans après l’exercice considéré). Pour 2007, la caisse prévoit d’atteindre 209 502 affiliés, soit à peu près la même progression (13%) que les années précédentes.
Preuve que les créations d’entreprises ne signifient pas toujours création d’emplois, l’évolution du nombre de salariés déclarés reste, elle, modeste : + 2,2% entre 2005 et 2006, à 1 732 184 salariés. Cela recoupe quelque part le résultat de l’enquête sur l’emploi du HCP qui précise que l’essentiel des postes de travail créés (93 000 sur 111 000 au 3e trimestre de 2007) provient de l’auto-emploi. Il est significatif à cet égard de relever que 15,5% des entreprises affiliées ne déclarent qu’un seul salarié. Une proportion qui n’a pas varié depuis 2004 ! Il se peut toutefois que ces entreprises emploient plus d’un salarié, tout en ne déclarant qu’un seul, c’est-à-dire le patron ! Cela est connu : c’est l’informel dans le formel...Elles sont 83% à disposer d’un effectif (déclaré) allant de 1 à 10 salariés, et 1% plus de 200 salariés.
Cette situation, on retrouve naturellement ses implications sur le niveau des salaires distribués (déclarés, il faut le préciser). Ainsi, 37,2% des salaires sont en-dessous du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), lequel, pour mémoire, est encore à 1 842 DH. Et seulement 5% des salaires atteignent ou dépassent 10 000 DH.
55 % des entreprises affiliées dans le tertiaire
En fait, cela paraît presque « normal » (sic) lorsqu’on observe la structure de cette économie organisée : pour près de 55 % , elle appartient au secteur tertiaire.
En effet, 27,2 % des entreprises affiliées opèrent dans le commerce, 15,8 % dans les services, 6,1 % dans les transports et communications et 4,6% dans l’hôtellerie et restauration. Et la proportion de cette tertiarisation, au sens élargi, peut atteindre jusqu’à 60%, si l’on y ajoute la culture, les « affaires immobilières », les intermédiaires et auxiliaires du commerce...
En dehors des services (banques, assurances...) où les salaires sont relativement élevés, le reste des activités tertiaires, notamment le commerce, distribuent des salaires, disons-le, de misère ; ceci en liaison évidemment avec le niveau d’éducation des employés, souvent sans qualification ou alors possédant tout juste le niveau moyen ou secondaire. Et cela est encore plus vrai dans le BTP et le textile-confection, respectivement premier et deuxième secteur employeur, où les besoins de main-d’œuvre, non ou peu qualifiée, sont sans doute les plus élevés.
Tout se tient finalement : une économie de service, à faible valeur ajoutée, ses conséquences se traduisent parfaitement dans le niveau très modeste des exportations.
Reste une interrogation : ces entreprises, qui recrutent peu (ou bien qui ne gardent pas longtemps leurs salariés, ce qui revient presque au même), sont pourtant celles-là mêmes qui paient les impôts (IS et IR, notamment), dont le produit ne cesse d’augmenter. En 2007 (estimations), les recettes des impôts directs (en gros l’IS et l’IR) représenteraient 45,3% de l’ensemble des recettes fiscales ou 9,3% du PIB. Les recettes de l’IS ont progressé de 28% de 2005 à 2006, et cette progression serait de plus de 13% en 2007. D’où la question : ces hausses sont-elles liées pour l’essentiel au travail de l’administration fiscale qui traque désormais inlassablement les fraudeurs, ou traduisent-elles aussi une amélioration de l’activité ?
La vie éco - S.A.
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