Une occasion pour nous de jeter davantage de lumière sur cette Marocaine au caractère d’acier qui prend part au Dakar ; une aventure loin, très loin d’être une promenade de santé. Saïda est consciente de tous les risques (matériels et financiers) qu’elle encourt pour participer à une telle entreprise. Elle est même allée jusqu’à contracter un prêt d’une banque de la place pour couvrir les frais de participations.
Depuis qu’elle a été approchée par le Cabinet Royal, la fille d’Azrou met les bouchées doubles : « Cette sollicitude royale est plus qu’un honneur, plus que je n’espérais même dans mes rêves les plus fous. Je pensais faire la course sans assistance. Maintenant, je me suis procuré une assistance à prix fort pour faire honneur à mon pays et terminer, inchallah, le Dakar. Je sens que je suis investie de cette mission, celle de représenter dignement mon pays et mon Roi ! ».
Une grande première également pour Saïda : elle vient d’avoir le « passeport technique de la FIA (Fédération internationale) paraphé par un expert international qui a affirmé que c’est la première fois qu’il signe pour un véhicule marocain au rallye Dakar. Votre véhicule est fin prêt pour cette course d’endurance », affirme-t-il.
« Ce qui m’honore le plus c’est que le véhicule avec lequel je participe a été entièrement revu, revisité, « corrigé », monté par des techniciens purement marocains. Dites-moi, y a-t-il un motif de fierté plus grand ? Toute cette refonte a commencé le 20 novembre, un mois après, le véhicule est prêt pour la grande aventure.
Lorsque je le dis aux initiés, ils me répondent : c’est un tour de magie.
Ce témoignage d’un expert international rejaillit sur tout le sport automobile national », raconte-t-elle fièrement. Elle s’envole en compagnie de son coéquipier Ettoubaji pour Lisbonne demain pour les vérifications techniques. Le Dakar n’est pas une mince affaire. Rien n’est laissé au hasard. « Je voulais que le public marocain prie pour nous. » Représenter le Maroc est un fardeau trop lourd pour les frêles épaules d’une femme qui a, incorrigiblement, penché pour un sport où les risques sont légion.
« Mais que voulez-vous ? Lorsque les filles de mon âge pensaient aux poupées, moi j’optais pour des voitures. Ma défunte mère ne s’est jamais opposée à mon choix. Bien au contraire, elle m’a toujours encouragée. Après sa disparition, c’est mon mari qui a pris le relais. Et sans ses encouragements, je ne serai jamais là où je suis aujourd’hui », a-t-elle ajouté.
Comme dans le cyclisme lorsque le peuple marocain attendait l’arrivée de ses champions, Mohamed Ben Ahmed (alias Haj Bahloul) Mohamed El Gourche, Abderrahmane El Farouki (alias Farak), Gandora Lachab, Kaddour Mohamed, Abdallah Kaddour, Kriem (alias Gentex), le public sportif suivra avec tout l’intérêt requis l’évolution de Saïda Ibrahimi dans le plus grand rallye du monde. Faire partie du gotha mondial qui prend part au Dakar est une manière pour la Marocaine Saïda Ibrahimi d’écrire son nom et celui de son pays en lettre d’or sur les tablettes du sport automobile international.
Le Matin - Mohamed Mellouk