Soutenu par la maire de Lille, Martine Aubry « qui n’a pas attendu que j’obtienne des résultats pour s’intéresser à moi et m’aider », Saïd Rachidi a rapidement su rebondir en intégrant l’équipe nationale de son autre pays, le Maroc, à partir de juin 2006. La ville de Lille lui ayant trouvé un partenariat avec l’entreprise Eiffage, le jeune homme a pu se consacrer à sa passion l’esprit libre et les résultats n’ont pas tardé à suivre avec, en point d’orgue, cette qualification pour les Jeux olympiques, décrochée en fin d’année 2007 aux championnats du monde de Chicago.
« Le Maroc aura dix représentants en boxe à Pékin et j’ai été le premier à gagner ma sélection, se rappelle-t-il. Les autres ont dû attendre les tournois de qualifications. D’ailleurs j’ai même été le premier sportif marocain à avoir son billet pour les JO, toutes disciplines confondues. »
Intégration difficile
Une réussite qui ne lui a pas, pour autant, facilité l’intégration au sein de l’équipe marocaine : « Se faire une place n’a pas été une tâche facile, admet-il. Certains voyaient d’un mauvais oeil mon arrivée. Mais à présent, ça va beaucoup mieux, même s’il a fallu s’adapter à des règles qui ne sont pas les mêmes qu’en équipe de France. Là-bas, c’est beaucoup plus discipliné, mais moins rigoureux administrativement. La boxe, au Maroc, vit un peu dans l’ombre du football et du tennis, mais nous sommes l’un des pays ayant le plus qualifiés aux Jeux et si on ramène quelques médailles, ça aidera peut-être à médiatiser notre discipline. » Le Lillois espère monter sur le podium. Pas seulement pour s’ouvrir quelques portes, même s’il ne dirait pas forcément non à une carrière professionnelle, mais plutôt avec l’espoir d’utiliser sa notoriété pour faire avancer des projets qui lui tiennent à coeur. Et notamment servir la cause des jeunes des quartiers.
« Si j’ai la chance que ça marche pour moi, je compte bien utiliser le peu de pouvoir dont je disposerai pour que cette réussite ne profite pas qu’à moi-même, assure-t-il. J’ai grandi dans le quartier, j’ai fait des conneries, j’aurais pu mal tourner si je n’avais pas eu l’éducation de mes parents et mon sport. » Saïd aimerait que d’autres suivent son exemple, « qu’ils ne pensent pas qu’il n’y a pas d’alternative, qu’ils prennent conscience que pouvoir étudier est une chance, que leur horizon ne se limite pas à leur simple quartier. Il y a beaucoup de choses à faire ».
Mais avant tout ça, Saïd Rachidi doit déjà réussir ses JO et faire en sorte de donner quelques regrets à l’équipe de France.
Source : La voix du nord - David Delporte