L’Office national des Chemins de fer (ONCF) s’active pour la réalisation du projet de construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Kénitra à Marrakech. Il vient de débloquer environ 695 millions de dirhams.
Les chiffres sont accablants. La route tue, au Maroc, et tue beaucoup : 3838 morts en 2007 et une hausse de 11,69% du nombre de tués au cours des neuf premiers mois de 2008, un triste constat pour le gouvernement qui entend lutter énergiquement contre cette calamité.
"Le fléau des accidents de la circulation constitue un danger majeur pour la santé publique dont les conséquences aussi bien économiques que sociales sont désastreuses", déplore le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC, public).
A titre de comparaison, selon le CNPAC, "le véhicule au Maroc tue 13,5 fois plus qu’en France, 18,2 fois plus qu’en Suède". Piètre consolation, les autres pays du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Mauritanie et Tunisie) "présentent un niveau quasiment similaire en terme de risque".
"Trop, c’est trop", lançait récemment le quotidien L’Economiste. "Les routes marocaines sont meurtrières", "une réputation qui se confirme au fil des bilans".
Pays d’un peu plus de 30 millions d’habitants, le royaume compte un parc automobile estimé à 2,5 millions de véhicules, 35.661 km de routes bitumées et des autoroutes qui permettent d’aller de Tanger (nord) à Marrakech, bientôt (2010) à Agadir (sud) et à Oujda (nord-est, 2011).
Le coût socio-économique des accidents de la circulation est énorme : 11 milliards de dirhams (environ 1 milliard d’euros) par an, l’équivalent de 2% du PIB du pays, souligne le ministre de l’Equipement et des Transports Karim Ghellab dans un entretien à l’AFP.
Selon lui, les causes premières des accidents sont la vitesse et le non respect du code de la route.
70% des accidents sont dus à un mauvais comportement du conducteur, 20% à l’état des véhicules et 10% aux infrastructures, précise-t-il.
Quelques kilomètres au volant d’une voiture sur les routes marocaines suffisent à se faire une idée de l’anarchie ambiante.
Animaux en semi-liberté sur les bas-côtés, vendeurs ambulants sur les autoroutes, cyclistes à contre-sens, éclairage des véhicules défaillant ou inexistant, camions surchargés, vitesse excessive, non respect des distances de sécurité, etc...
Même chose en ville, où règne souvent une aimable anarchie. Les conducteurs qui grillent les feux, ne respectent pas les stops sont légion, l’usage de la ceinture de sécurité est aléatoire, comme le port du casque (pourtant obligatoire) pour les usagers des deux-roues. Et les piétons ne se comportent pas mieux, traversant à peu près n’importe où, n’importe quand.
Pour lutter contre cette situation dramatique, le gouvernement marocain a dès 2004 lancé des plans de trois ans, dits "programmes stratégiques intégrés d’urgence" (PSIU).
Selon Karim Ghellab, le premier PSIU a "permis de stabiliser les chiffres de l’insécurité routière et de rompre avec la tendance à la croissance" du nombre de victimes enregistrée au cours des dix précédentes années. Et ce, malgré une augmentation significative du parc automobile.
En 2008, pourtant, les chiffres repartent à la hausse, avec une augmentation du nombre de victimes "extrêmement importante, de l’ordre de 10%", confirme le ministre.
Pour inverser cette courbe, le gouvernement attend beaucoup d’un nouveau code de la route en discussion au parlement, d’un renforcement des contrôles routiers, de visites techniques plus rigoureuses, de l’installation de radar fixes et mobiles, ainsi que d’une réforme de l’examen du permis de conduire destinée à interdire fraude et corruption.
Les autorités veulent également sensibiliser la population à travers une campagne de messages à la radio et à la télévision intitulée "Changeons de conduite".
Karim Ghellab ne sous-estime pas l’ampleur de la tâche. "Il s’agit d’une véritable réforme sociétale, confie-t-il, et les résistances sont à la hauteur de l’objectif".
Source : AFP
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