Les services de la Douane marocaine interdisent l’introduction au Maroc de médicaments, sauf pour les besoins personnels. A cet effet, certaines dispositions doivent scrupuleusement être respectées.
Une nouvelle approche institutionnelle du retour des migrants au pays est nécessaire. C’est l’une des principales recommandations d’un rapport que viennent de publier le Centre Robert Schuman et l’institut universitaire européen de Florence sur ce sujet.
Basée sur près de mille entretiens réalisés auprès de migrants de retour au Maroc, en Algérie et en Tunisie, cette enquête identifie notamment les multiples facteurs qui expliquent les difficultés de réintégration des migrants dans leur pays d’origine. La distinction entre les migrants ayant choisi de rentrer au pays et ceux ayant été contraints au retour semble constituer un élément-clé dans la compréhension de leurs modes de réintégration socioprofessionnelle dans leur pays d’origine.
Pour ce qui est du Maroc, le rapport révèle tout d’abord que les migrants enquêtés sont relativement jeunes (55 % ont moins de 40 ans) et les générations plus âgées ne représentent que 7% pour les 65 ans et plus et 15% pour les 50-64 ans. Chez les migrants de retour, la proportion des employeurs/chefs d’entreprise ne dépassait pas 3,3 % lors du séjour a l’étranger est passée à 15,2% au moment de l’enquête. Les données du rapport confirment aussi le passage des migrants de retour des activités du secteur primaire vers les secteurs secondaire et tertiaire. Le commerce accaparant à lui seul près de 25% des migrants de retour au Maroc suivi par l’agriculture (13,8%) et le secteur des transports, de l’hôtellerie et la restauration (12,6%). Le bâtiment occupant quant à lui 7,9% des cas.
L’enquête révèle que les migrants de retour ont eu peu accès à la formation professionnelle dans le principal pays d’immigration. La proportion des migrants ayant pu suivre un apprentissage ou une formation professionnelle est pratiquement négligeable (4,2%). Si la situation financière s’est « améliorée » ou « très améliorée » pour les 3/4 des migrants de retour, pour près de 20% de l’échantillon la situation financière dans le dernier pays de séjour « s’est maintenue » ou « a diminué », ce qui confirme pour cette catégorie l’échec du projet migratoire. Ce bilan financier s’exprime à travers la fréquence des envois de fonds par le migrant : pendant la dernière année de séjour, près du quart (23%) de l’échantillon ont déclare n’avoir jamais envoyé d’argent aux membres de leurs familles et seuls 22% envoient régulièrement une fois par mois de l’argent dont 19% parmi ceux dont le retour est forcé.
Un constat qui semble confirmer la désillusion de certains migrants. Parmi ceux qui envoient de l’argent au pays, 28% envoient plus de 1000 euros par an et 16,5% moins de 200 euros par an. A leur retour au Maroc, plus de la moitié des enquêtés n’a pas réalisé d’investissements (57%) contre 43% des personnes qui ont réalisé au moins un investissement.
Cette forte proportion de migrants qui n’ont pas investi peut s’expliquer par trois facteurs, selon les auteurs du rapport : insuffisance de capital de départ, contraintes liées à l’investissement au Maroc (le fameux « parcours du combattant ») ou intégration réussie dans le pays d’immigration (et donc alignement sur le mode de vie et de consommation et de loisirs des autochtones). Selon la nature du retour, on constate que parmi ceux dont le retour est volontaire, plus de la moitié (51%) ont réalisé des projets tandis que moins du quart des migrants contraints au retour ont réalisé des projets (23%).
L’autofinancement des projets est cité comme principale source de financement dans 88% des cas. Les crédits bancaires ne sont cités que dans 16,3 % des cas, ce qui dénote une certaine réticence des banques locales à financer des projets présentés par des migrants de retour. Le soutien institutionnel demeure faible pour les investisseurs migrants de retour. Seuls 8,5 % parmi ceux dont le retour est volontaire déclarent avoir bénéficié de cette aide. Aucun de ceux contraints au retour imposé n’en a bénéficié, ce qui, selon le rapport, peut s’expliquer par les déficiences de communication au niveau officiel (centres régionaux d’investissement, charte d’investissement, etc.).
Les principales raisons qui n’ont pas permis la réalisation d’un projet au retour résident dans l’insuffisance des capitaux (57%), le manque d’expérience et de formation, dans les contraintes administratives et institutionnelles (25% des sondés) et dans d’autres contraintes telles que l’étroitesse du marché, les problèmes familiaux ou de santé. Plus de la moitié des migrants de retour ayant réalisé des projets déclarent avoir rencontré de sérieuses tracasseries administratives en plus de la concurrence et de l’insuffisance des capitaux.
Rôle de l’Etat
Ces diverses difficultés, auxquelles on peut ajouter les difficultés d’accès à l’emploi, la corruption, la qualité du système santé et de la couverture sociale, ont une incidence certaine sur le vécu des migrants au Maroc ainsi que sur leur volonté de repartir ou pas à l’étranger. Ainsi, si près de trois migrants sur cinq (59%) n’envisageaient pas au moment de l’enquête de repartir à l’étranger, ceux dont le retour a été imposé par de circonstances adverses se distinguent par le taux élevé d’intentions de nouveaux départs. Les auteurs de l’enquête estiment que le rôle de l’Etat s’avère ici tout à fait déterminant pour « définir des mécanismes plus adaptés à soutenir la réintégration des migrants de retour ».
L’Economiste
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