L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.
Au Maroc, la situation avait semblé s’améliorer avec la cession du Matin du Sahara au groupe privé Benjelloun, mais en réalité, ce n’était que faux-semblant.
Des luttes féroces se tiennent au sommet de l’Etat, pour créer des publications, voire des chaînes de télévision, qui seraient tenues "à la botte" soit par leur fragilité financière, soit par l’absence de moralité des responsables désignés. Ce phénomène participe directement à l’affaiblissement économique et social du pays. Dans le cas du Maroc, l’affaiblissement dû à la reprise de contrôle par l’Etat des chaînes semi-indépendantes de TV et de radio en 1996, se double d’une perte de sens stratégique, qui veut aboutir aujourd’hui à l’algérianisation de la presse. Les conséquences de cet état de fait sont visibles : d’une part, l’audience des TV s’est dramatiquement effondrée au profit des chaînes étrangères, d’autre part, la crédibilité de la presse, qui s’était améliorée dans les années 90, est retombée. Il est difficile de chiffrer la crédibilité, en revanche, un indicateur décrit assez bien la fin de processus du progrès : la consommation de papier journal : celle-ci avait dramatiquement stagné jusqu’au début des années 90, à des niveaux correspondants à celui des pays les moins avancés de la planète. L’arrivée de publications réellement indépendantes et progrès réalisés dans la presse existante ont fait exploser cette consommation à partir du début des années 90. Mais avant la fin de la décennie, lorsque sont apparues les prémices de l’algérianisation, la naissance de nouveaux titres n’a pas soutenu cette croissance. Au contraire, elle s’est ralentie.
Autre témoin de la régression, le code des libertés publiques contenant les amendements de la loi sur la presse. Initialement, la loi devait être assouplie. Cependant, la multiplication des phénomènes liées à l’algérianisation de la presse a amené l’exécutif et le législateur à durcir le texte au lieu de l’assouplir : la presse "de botte" (selon l’expression ordinairement employée pour désigner ce phénomène) devient le vecteur de règlement de compte, dont les pouvoirs publics ont tenté de protéger les citoyens.
N. S.
L’économiste du 21/04/2003
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