Après les trois fédérations du Conseil français du Culte musulman (CFCM) qui refusent de signer la charte des principes de l’islam présentée au président français Emmanuel Macron, c’est au tour de Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, et d’Azeddine Gaci, d’exprimer leur opposition.
« Alors que nous attendions ’une charte déontologique’ ayant pour vocation d’être un guide du comportement individuel de l’imam dans l’exercice de son ministère, le CFCM nous a été surpris par une ’charte des principes pour l’islam de France’ », s’indignent le président du Conseil des mosquées du Rhône (CMR) et le porte-parole du Conseil théologique des imams du Rhône (CTIR) dans un communiqué cosigné. Ces deux figures locales de l’islam disent ne pas se retrouver « dans cette charte établie sans consultation et sans concertation préalable avec la base ». MM. Kabtane et Gaci rejoignent ainsi les trois fédérations du CFCM qui ont refusé de signer la charte pour les mêmes raisons.
Inscrire dans la charte que les musulmans de France sont des citoyens français est un autre point qui fâche. « Les musulmans de France sont des citoyens français. Ils sont tenus de respecter strictement les lois de leur pays et les valeurs de la République. Les imams doivent le rappeler souvent et à chaque fois qu’ils le jugent nécessaire, mais l’inscription de ce point dans la charte ne ferait que créer un climat de suspicion généralisée et de repli sur soi », relèvent-ils.
Ils dénoncent le fait que la charte insiste sur le « comportement anecdotique » d’une « minorité de musulmans en France », à savoir « les interprétations réductives, les projections machistes », ainsi que « certaines pratiques qui relèvent plus de la tradition que de la religion ». « Pourquoi alors le mettre en avant dans une charte destinée à rassembler les imams ? », questionnent les deux recteurs.
Ils s’indignent par ailleurs du fait que les opposants à la charte puissent être « pointés du doigt, même associés au radicalisme et exclus du conseil national des imams ». Enfin, « Seule une restructuration au niveau départemental pourrait sortir l’islam de France de ce désordre qui l’anime depuis des décennies », sont-ils persuadés.