Les Marocains sont fixés ce dimanche 10 mars sur le début et la fin du ramadan. Quand commence le mois sacré au Maroc ?
Le Ramadan, inconnu du grand public auparavant en France, est depuis près d’une décennie l’une des pratiques religieuses musulmanes les plus tolérées et les plus populaires de l’Hexagone, où l’Islam est la deuxième religion du pays après le christianisme. Pendant ce mois, les musulmans de France perpétuent cette pratique, au point que l’on peut parler aujourd’hui d’un Ramadan de France.
Les préparatifs vont bon train. Les échos qui nous parviennent de certaines régions de France parlent de rayons entiers de grandes surfaces dédiés aux produits consommés lors de ce mois de jeûne.
Du chebakia en passant par les dattes, mssemen congelés, crêpes et autres recettes précuites, on retrouve de tout dans certains supermarchés, qui déploient de gros moyens pour communiquer autour de ce mois, grande manne financière pour ces commerces.
Le souk de Barbès, dans le dix huitième arrondissement de Paris, se serait déjà préparé à accueillir le Ramadan. Ce marché ne diffère en rien des souks qu’on retrouve un peu partout au Maroc. Des vêtements traditionnels marocains et babouches aux chouafates (voyantes) et fqihs qui vous fabriquent des sortilèges (hjab en dialectal marocain), vendeuses de crêpes, de chebakia, de gâteaux et d’autres recettes marocaines consommées pendant Ramadan, notamment la soupe (hrira), étalent leur marchandise à longueur de journée.
Les cafés et restaurants du quartier affichent déjà en grandes pompes leurs succulents menus d’Iftar (rupture du jeûne).
L’ambiance reproduite dans ces lieux, que l’on retrouve aussi à Clichy, Saint Denis et plusieurs autres quartiers de Paris, comme un peu partout en France, où sont installés des musulmans et notamment marocains, reflète l’attachement de cette communauté à ses valeurs ancestrales, à sa religion et aux questions identitaires, que la première et deuxième génération d’immigrés se fait un devoir d’inculquer à ses enfants.
Paris, Marseille, Lyon et Strasbourg sont les villes de l’Hexagone où la société civile marocaine et musulmane se mobilise le plus pour organiser des cérémonies d’Iftar collectif. Les locaux d’associations et de mosquées se transforment en gigantesques restaurants gérés par des bénévoles, où sont servis des repas gratuits dans une ambiance très sereine. Même les quartiers à risque en France deviennent paisibles durant ce mois.
Des Français habitant les banlieues, dont les habitants sont en majorité musulmans, affirmaient ainsi au quotidien marocain Akhbar Al Yaoum lors d’un reportage tourné pendant le Ramadan 2010, qu’ils auraient bien voulu que ce mois dure plus longtemps, car leurs quartiers deviennent très calmes et les jeunes, souvent violents, deviennent pieux durant ce mois.
Les politiciens français ne sont pas en reste pendant le Ramadan, puisqu’ils en profitent pour se rapprocher de leurs électeurs musulmans. Même le président français Nicolas Sarkozy profite de ces cérémonies d’Iftar pour transmettre des messages séducteurs à la communauté musulmane.
Côté travail, plusieurs entreprises françaises s’adaptent aux contretemps de leurs employés musulmans et font tout pour que ce mois se passe dans les meilleures conditions, allant jusqu’à aménager des horaires spéciaux pour ses salariés musulmans.
Chez Areva, Carrefour, Suez-environnement ou encore EDF, qui a produit un guide intitulé "Repères sur le fait religieux en entreprise" et entrepris des formations internes sur l’islam, une véritable réflexion est engagée autour de cette question.
Pour Dounia Bouzar, anthropologue et auteur de "Allah a-t-il sa place dans l’entreprise ?", citée par l’AFP, Ramadan est "la revendication religieuse qui fait le moins peur" car "les managers n’ont pas le sentiment que cela divise les travailleurs". Pourtant, certains travailleurs musulmans continuent à faire Ramadan en cachette, de peur d’être considérés comme des intégristes !
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