Omar, né à Ripoll de parents marocains, avait 9 ans le jour des attentats terroristes de Las Ramblas et de Cambrils, perpétrés par six jeunes de Catalogne radicalisés par l’imam Abdelbaki Es Satty de la mosquée locale. Aujourd’hui âgé de 15 ans, cet adolescent catalan continue de porter les séquelles de ces massacres. Régulièrement victime d’insultes racistes et traité de « terroriste », Omar est devenu un jeune homme renfermé, qui se confie très peu à ses amis.
Comme lui, de nombreux jeunes d’origine arabe vivent la même situation à Ripoll. C’est le cas de Moussa, 25 ans, étudiant et serveur. « Ce n’est qu’à Ripoll qu’en tant que Marocain, tu te sens comme un terroriste. On fait avec », confie-t-il à El Periódico de España. Arrivé à Sant Joan de les Abadeses à l’âge de quatre ans, le jeune homme dit avoir été proche des jeunes qui ont commis ces attentats et regrette avoir perdu des amis après ces massacres. « Après les attentats, beaucoup se sont éloignés de moi », déplore-t-il.
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Le jeune homme assure être victime de discriminations. « Les Mossos t’arrêtent quand tu es avec des Catalans, ou alors quand tu cherches à louer un appart, on te dit non après avoir regardé ton nom de famille », raconte Moussa qui confie qu’il avait une petite amie catalane, mais avait peur de la présenter à ses parents. « C’est ça vivre entre deux mondes. Tu te sentiras toujours différent. Tu apprends à vivre avec le regard raciste à l’école et en même temps, il y a des choses que tu ne peux dire ou faire à la maison », explique-t-il, se considérant finalement comme « un citoyen du monde ».
Hamza, 27 ans, arrivé à Ripoll à l’âge de sept ans et employé dans une usine textile, a été aussi marqué par ces attentats. « Avant, les gens étaient gentils avec nous… mais depuis l’attentat tout a changé. Ils vous regardent différemment, ils ne veulent pas vous louer un appartement, ils trouvent des excuses… », souligne-t-il. Le racisme est encore très présent à Ripoll et ne vise pas que les Marocains. « Il y a beaucoup de racisme ici, ça fait trois ans que je suis ici et je n’ai pas d’ami. Ils te font te sentir inférieur… », dénonce Laura Gómez, une Colombienne.