
Le président français, Emmanuel Macron, a nommé ce jeudi Rachida Dati, figure de la droite et ancienne ministre de la Justice, comme nouvelle ministre de la Culture.
Militante depuis trois mois et déjà indispensable... pour remplacer Nicolas Sarkozy là où il ne peut aller. Le candidat de l’UMP est indésirable en banlieue. Sa porte-parole, Rachida Dati, y multiplie les réunions publiques. Elle était hier à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), la semaine dernière à Goussainville (Val-d’Oise), la semaine prochaine à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines). Avec, à chaque déplacement, l’objectif de désamorcer les attaques centristes et socialistes : si elle a « choisi » de travailler avec le ministre de l’Intérieur, c’est, dit-elle, « précisément parce qu’il s’est attaché à donner aux gens des quartiers le droit de vivre en sécurité ».
Service après-vente.
Fille d’un maçon marocain père de douze enfants, étudiante le jour et aide-soignante la nuit, celle qui s’est invitée dans la sphère du pouvoir avec le soutien de l’ancien ministre gaulliste Albin Chalandon et de Jean-Luc Lagardère, de Simone Veil et de Bernard Kouchner, assure avec insistance que personne n’est venu la chercher pour jouer « la beurette de service ». Partout la néomilitante assure le service après-vente du bilan du ministre qui a su « faire aboutir » les questions qui lui tiennent à coeur : protection des mineurs, lutte contre les violences conjugales, études dirigées pour les élèves...
Ce qu’elle a pensé de la sortie du candidat sur les musulmans qui « égorgent le mouton » dans leur salle de bains ? Elle botte en touche : « Ce qui m’importe, ce ne sont pas les mots, c’est ce qui est fait pour faire avancer les choses. » Et, sur ce terrain, elle n’en démord pas : Sarkozy est le meilleur. « Ses valeurs et sa détermination m’ont convaincue », expliquait-elle jeudi devant 300 personnes, à Goussainville. Quitte parfois à verser dans le dithyrambe : « J’ai vu un homme d’Etat [...], j’ai vu un homme simple, j’ai vu sa sensibilité, sa pudeur, son humilité ; oui, j’ai vu tout cela. »
« Elle crève l’écran. » Les cadres de l’UMP, qu’elle rassure, ne s’y trompent pas. Ils en font des tonnes sur « le parcours exemplaire d’une enfant de la République » qui incarne la modernité de l’UMP. Pour Michel Allex, maire de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), la ville où elle a grandi et qui l’a accueillie le mois dernier pour son premier grand meeting, « elle crève l’écran, c’est un enrichissement pour l’UMP, le plus bel exemple d’intégration qui soit ». Pour Claude Bodin, secrétaire de l’UMP du Val-d’Oise, « elle incarne le souffle des nouveaux adhérents ».
Au-delà des militants de l’UMP, Rachida Dati attire effectivement dans ses réunions de nombreux habitants des quartiers populaires qui lui disent leur « fierté » de la voir dans leur ville, accueillie en grande pompe par les notables locaux. Même s’ils ne soutiennent pas nécessairement Nicolas Sarkozy.
Libération.fr - Alain Auffray
Ces articles devraient vous intéresser :