Le parquet de Valence spécialisé dans les délits de haine a requis trois ans de détention contre un homme accusé de diffusion d’informations mensongères sur les réseaux sociaux ciblant les musulmans, notamment Marocains.
Emmanuel Rist, un des auteurs présumés de la profanation du cimetière juif de Herrlisheim-près-Colmar en avril 2004, a reconnu être l’auteur du meurtre d’un Marocain de 41 ans commis trois ans plus tôt.
Cet ancien agent de sécurité de 37 ans, adepte de thèses néo-nazies, a été mis en examen pour assassinat jeudi dans le cadre de cette nouvelle affaire, a déclaré le procureur de Colmar Pascal Schultz.
"Il reconnaît la matérialité des faits mais écarte toute connotation à caractère raciste", a dit le procureur. "Il s’agit selon lui d’une altercation qui aurait dégénéré", a précisé son avocat Renaud Bettcher.
Mohamed Madsini, un marchand de tapis ambulant originaire de Nanterre avait été tué d’une balle de calibre 7,65 dans la nuque le 22 mai 2001 à Gundolsheim, une commune proche de celle où habitait Emmanuel Rist.
Une cellule d’enquête forte d’une vingtaine d’homme avait été mise en place au sein de la section de recherche de la gendarmerie de Strasbourg pour enquêter sur ce crime.
L’interpellation d’Emmanuel Rist, en janvier 2006, et ses aveux concernant la profanation du cimetière de Herrlisheim ont permis aux enquêteurs de faire un rapprochement entre le jeune homme, son véhicule Volkswagen Golf de couleur sombre et les quelques témoignages dont ils disposaient.
Placé en garde à vue dans le cadre de cette nouvelle affaire, cet ancien admirateur de Hitler - il dit avoir changé - a notamment indiqué aux gendarmes la gravière où il avait jeté l’arme du crime, un pistolet qui équipait la police allemande dans les années 40.
Cette nouvelle mise en examen intervient alors qu’Emmanuel Rist doit être jugé avec deux comparses présumés, à partir du 10 septembre, devant le tribunal correctionnel de Colmar, pour la profanation de Herrlisheim.
Des croix gammées et des slogans antisémites avaient été inscrits à la peinture sur 127 tombes dans la nuit du 29 au 30 avril 2004, suscitant une vive émotion dans tout le pays.
Emmanuel Rist et Laurent Boulanger, l’un de ses co-prévenus, ont par ailleurs été mis en examen en janvier 2006 pour tentative de meurtre et destruction de bien par explosif avec circonstance aggravante de racisme, dans une autre affaire.
Ils sont accusés d’avoir blessé un ouvrier marocain en déposant une bombe artisanale dans son cabanon de jardin, en septembre 2005 à Rouffach.
Cet acte criminel avait mis les enquêteurs sur leur piste pour l’affaire de Herrlisheim-près-Colmar dans laquelle un militant du Front national avait été d’abord mis en examen avant de bénéficier d’un non lieu en fin d’instruction.
Les deux mêmes sont également mis en examen pour des profanations commises en octobre 2005 au Hartmannswillerkopf, un sommet des Vosges qui fut un haut lieu des combats de la 1ère guerre mondiale.
Ils avaient remplacé le drapeau français flottant sur la nécropole par la bannière nazie à croix gammée, et avaient cassé l’unique tombe musulmane du lieu avant de la dérober.
Emmanuel Rist a été condamné à 700 euros d’amende, en octobre 2006 par le tribunal de police, pour avoir adressé des courriers racistes à des membres de la communauté juive du Haut-Rhin
AFP
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