Maroc : ambiance froide au procès de l’assassinat des touristes scandinaves

15 juin 2019 - 15h20 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Les 24 accusés dans l’affaire de l’assassinat des deux touristes scandinaves étaient à la barre hier, vendredi 14 juin. Ils ont été interrogés par le Juge pour le compte de la quatrième audience, au Tribunal de Salé.

Dans le box des accusés, l’arrivée des 24 prévenus qui, sourire aux lèvres, affichaient une sérénité déconcertante, aura intrigué plus d’un. Mais, très tôt, l’ambiance prend une autre couleur, quand le Juge Abdelatif Amrani appelle le premier accusé à la barre. Déjà condamné à trois ans de prison en 2015 pour "apologie du terrorisme", celui-ci avait déjà avoué, lors de l’audience du 30 mai dernier, avoir décapité les deux jeunes randonneuses.

"Le Monde Afrique" rappelle que les prévenus sont jugés "pour avoir décapité deux jeunes randonneuses scandinaves retrouvées mortes dans leur tente le 17 décembre 2018 alors qu’elles campaient près du mont Toubkal, dans le Haut-Atlas". Et, le média a ajouté que l’attaque avait été filmée et diffusée, dans la foulée, sur les réseaux sociaux, avec une autre vidéo où les présumés terroristes prêtaient allégeance à l’Etat islamique (EI).

Pendant plus de cinq heures, le juge parvient à interroger 13 parmi les accusés dont la plupart sont présentés comme des membres d’une "cellule terroriste" dirigée par les principaux d’entre eux. Mais, s’il y en a un qui était constant dans ses propos, c’est bien Said Taoufik. Il a en effet confirmé tous les chefs d’inculpation retenus contre lui, dont l’ "apologie du terrorisme" et la "constitution d’une bande pour préparer et commettre des actes terroristes". Drapé dans son qamis bleu gris, imperturbable, il répond par l’affirmative à toutes les questions du juge. Cet ex-militaire, qui a quitté l’armée en 2016, dit vouloir continuer le djihad. Mieux, "Le Monde Afrique" rapporte qu’il a avoué que s’il avait eu, à l’époque, les mêmes convictions qu’aujourd’hui, il aurait commis des attentats à l’intérieur de l’armée, grâce aux armes qu’il avait entre les mains.

Multipliant les déclarations graves qui ont bouleversé et laissé pantois plus d’un, il confie au juge dont il répondait aux questions, que le geste exécuté par Imlil ne l’a pas été "correctement" et qu’il "fallait tuer des hommes plutôt que des femmes". Quant au Maroc, il dit y trouver un régime tyrannique auquel sont rattachées les forces de l’ordre et la police, et qui, par ailleurs est adoubé par un système qui, en réalité, est contre l’islam. Au terme de ce dialogue qui a dérouté l’auditoire, le juge renvoie le jeune homme de 23 ans à reprendre sa place au premier rang du box des accusés.

Selon Me Khalid Al-Fataoui, l’avocat de la famille de la victime danoise, Louisa Vesterager, "le préjudice est énorme, les familles sont traumatisées et suivies par des psychiatres. Je vais plaider, avec le Procureur général, la peine capitale. Alors qu’elle n’a pas été exécutée depuis 1993, j’espère qu’elle le sera cette fois-ci", a-t-il martelé.
Pour rappel, la famille de Louisa, notamment, s’était constituée partie civile lors de la précédente audience, en demandant que soit engagée la "responsabilité morale" de l’Etat marocain en vue de dédommagements. Elle sera d’ailleurs appuyée par Me Al-Fataoui selon qui "l’État doit contrôler les écoles coraniques et le champ religieux". Mieux, réclame-il, "la responsabilité de l’école coranique dans laquelle tous les inculpés ont avoué avoir fait leurs études doit être engagée".
La prochaine audience est fixée au 20 juin 2019.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Terrorisme - Procès - Acte terroriste d’Imlil

Ces articles devraient vous intéresser :

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...