Présidentielles françaises : Quels enjeux pour le Maroc ?

14 mars 2007 - 22h43 - France - Ecrit par : L.A

Vu sa proximité géographique, ses relations historiques, économiques et culturelles, le Maroc ne peut se désintéresser des élections présidentielles françaises. La France est en effet le premier client et fournisseur du Maroc, elle est également le premier investisseur dans notre pays. Une communauté marocaine nombreuse vit en France, et une importante communauté française réside au Maroc. Outre les relations bilatérales, qui sont très denses, la France est également notre point d’appui auprès de l’Union européenne à laquelle le Maroc est associé.

Les élections présidentielles en France sont très importantes car depuis l’instauration de la Ve République, le Président est élu au suffrage universel et dispose de pouvoirs étendus pour la conduite aussi bien de la politique interne qu’extérieure. Il est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable et dispose notamment du pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale.

La campagne présidentielle française bat actuellement son plein. L’élection pour le premier tour est prévue pour le 22 avril prochain. Si un candidat atteint la majorité absolue dès le premier tour, il sera déclaré immédiatement élu pour remplir la fonction présidentielle. Sinon, et c’est ce qui va se passer, étant donné le nombre élevé de candidats, un second tour est prévu le 06 mai 2007 pour départager les deux candidats les mieux placés au premier tour.

En suivant la campagne présidentielle française dans les médias (télévision, radio, presse, internet), on ne peut qu’admirer la qualité des débats qui abordent absolument tous les thèmes, aussi bien de la vie générale qu’individuelle. La première chaîne de télévision française a ainsi organisé une émission grand public suivie par des millions de téléspectateurs, où chaque candidat est venu répondre directement aux questions d’un échantillon de citoyens français, sélectionné par un organisme de sondage. Bien que le nombre exact des candidats ne soit pas encore connu à ce jour, il apparaît qu’il serait plus d’une dizaine.

Pour être candidat, il faut présenter une liste de 500 parrainages d’élus. Cette condition est jugée non démocratique par certains, mais c’est le seul moyen de limiter le nombre des candidatures.
On peut classer les candidats en trois grandes catégories : la Droite, la Gauche et le Centre. La Droite elle-même se décompose en extrême droite et en droite républicaine. L’extrême droite représentée par Le Pen et Villiers met en exergue l’identité nationale, mène une campagne acharnée contre l’immigration, et prône la préférence nationale.

La droite républicaine est représentée par Sarkozy qui met en valeur trois principes fondamentaux : le retour de l’autorité et de la sécurité, la valorisation du travail, l’affirmation de l’identité nationale. La Gauche se décompose également en extrême gauche et gauche modérée. L’extrême gauche représentée par Besancenot, Arlette Laguiller, Bové, et Marie-George Buffet, elle s’attaque aux effets de la mondialisation, prône un certain protectionnisme, souhaite un rôle économique plus important de l’Etat face au capitalisme libéral et se déclare le fervent défenseur des classes sociales les plus défavorisées.

La gauche modérée, représentée par Ségolène Royal, défend les principes du socialisme démocratique, qui s’appuie sur une sensibilité sociale plus prononcée, une plus grande solidarité et un effort de cohésion sociale incluant les immigrés et les étrangers.
Le Centre, représenté par Bayrou, combat le système politique français actuel basé sur l’alternance Gauche-Droite, qui, d’après lui, n’a pas obtenu de résultats satisfaisants.

Il préconise un système politique alliant des personnalités de Gauche et de Droite qui exécutent une politique définie d’un commun accord dans l’intérêt suprême du pays. La position de Bayrou sur les problèmes de l’immigration et de la sécurité est plus modérée que celle de la droite traditionnelle. On peut inclure dans cette catégorie du Centre, les écologistes, tels que Dominique Voynet, qui donnent la priorité aux problèmes de l’environnement : lutte contre le réchauffement climatique de la terre, opposition à l’énergie nucléaire et à toute les nuisances de la nature.

Quelles sont les chances de succès de ces différents candidats ?
Trois candidats ont une chance de remporter l’élection présidentielle française : Sarkozy, Ségolène Royal et Bayrou. En effet, l’extrême droite, l’extrême gauche et les écologistes, tous sont minoritaires dans le champ politique français. Sarkozy est classé actuellement au premier rang dans les sondages et sera très certainement élu au premier tour.

Classé pendant longtemps au second rang dans les sondages, Ségolène Royal est maintenant à égalité avec Bayrou. L’un ou l’autre pourront se retrouver au second tour avec Sarkozy. Il est difficile de se prononcer actuellement sur les résultats du second tour. Remarquons au passage que les porte-parole aussi bien de Sarkozy que de Ségolène Royal sont des françaises d’origine marocaine.

Quels enjeux de l’élection présidentielle française pour le Maroc ?
Comme indiqué au début de cet exposé, les relations entre le Maroc et la France sont tellement denses qu’elles sont devenues en quelque sorte « institutionnalisées ». Quel que soit le Président français qui sera élu, il ne pourra avoir qu’une relation amicale avec notre pays. On l’a bien vu lors de l’élection du Président Mitterrand, en 1981, qui, après quelques réticences au début de son mandat, a montré par la suite une attitude très amicale vis-à-vis de notre pays.

La Présidence de Monsieur Jaques Chirac a également été marquée par l’excellence des relations entre le Maroc et la France. Aussi, notre pays n’a pas à avoir de préférence particulière pour tel ou tel candidat. Des inquiétudes peuvent cependant naître suite à l’attitude du candidat Sarkozy en ce qui concerne les problèmes de l’immigration et l’affirmation de l’identité nationale, par le projet de création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale.

Au niveau de la politique étrangère, il est à craindre également que Sarkozy s’aligne davantage sur la politique américaine au Moyen-Orient, favorisant l’Etat d’Israël au détriment des Palestiniens.
Mais attendons les actes avant de porter un jugement.

Jawad Kerdoudi - Président de l’IMRI

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