Les données des Ports de l’État révèlent que les ports espagnols ont déjà perdu un million d’EVP de transbordement international entre 2018 et août 2023, dont environ 950 000 EVP des ports de Valence, Algésiras et Barcelone, soit une réduction de 10 % par rapport aux 9,26 millions d’EVP de transbordement de 2018, relaie El Mercantil, rappelant que cette activité représente aujourd’hui 51 % du trafic total de conteneurs en Espagne.
Selon les experts, la baisse de cette activité se justifie entre autres par « le déplacement des transbordements en Méditerranée occidentale des ports européens vers ceux d’Afrique du Nord ». Selon une étude du cabinet de conseil ALG, « la capacité inutilisée pour le trafic de conteneurs en Méditerranée occidentale passera des 11,6 millions d’EVP actuels à 28,5 millions d’EVP en 2035 ». Les experts notent une capacité de 27,3 millions d’EVP entre le Maroc (deux millions au terminal danois APM de Tanger Med et 12 millions à Nador), l’Algérie (8,5 millions d’EVP à Djen Djen et Cherchell) et la Tunisie (4,8 millions de TEU à Enfidha).
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« L’avenir du volume du trafic international dans les ports européens de la Méditerranée occidentale est menacé en raison de la forte concurrence des terminaux des quais du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie », soutiennent les experts, estimant « une perte de 50 % de l’activité de transbordement en Espagne », soit 4,4 millions d’EVP sur les 8,8 traités en 2022. À en croire l’un d’eux, Tanger Med est « une preuve sans équivoque » du pouvoir d’attraction des ports d’Afrique du Nord. Lancé en juillet 2007, le port marocain a clôturé l’année 2022 avec un trafic de 7,6 millions d’EVP. Aujourd’hui, il dispose de deux terminaux d’une capacité de 6,5 millions d’EVP.
Les ports nord-africains et Tanger Med en particulier « sont plus compétitifs en termes de prix, car leurs coûts de main-d’œuvre sont inférieurs », explique un expert, ajoutant que « la différence estimée entre une escale dans un port de transbordement espagnol ou à Tanger Med est de 10 millions d’euros par navire et par an ». Par ailleurs, les industries se délocalisent de plus en plus au Maroc et en Turquie, relève un autre expert, donnant l’exemple d’Inditex qui, après la crise sanitaire du Covid-19, « recherche des fournisseurs en Galice même, au Portugal, au Maroc et en Turquie ».