Polygamie et répudiation : les abus de la société !

26 août 2002 - 22h28 - Maroc - Ecrit par :

La polygamie et la répudiation unilatérale. Le collectif féminin « Printemps de l’égalité » les place parmi les droits les plus controversés qu’offre la Moudawana à l’homme.

« Ces droits, utilisés de manière abusive, se transforment, en outils de chantage et moyens de pression sur la femme », affirme le collectif dans un communiqué prenant pour base l’histoire de Houda, native d’Oujda, mariée à l’âge de 15 ans à un jeune homme de 4ans son aîné.
Houda, selon le récit rapporté par le collectif, devait en fait remplir les tâches ménagères et tenir compagnie à sa belle-mère qui vit donc avec le couple. La première année du mariage s’apparentait beaucoup plus à un enfer qu’à une vie conjugale. La belle-mère et le mari l’inondent de critiques et d’injures et avant même la fin de cette première année de mariage, le mari de Houda se remarie à une deuxième femme. Celle-ci ne tolère pas la présence de sa rivale et contraint le mari à la répudier.

Voilà : Houda est divorcée, et retourne chez ses parents réticents à ce statut qu’elle porte désormais comme une injure vis-à-vis des traditions. Mais quelque temps plus tard, le mari revient sur sa décision et « reprend pour femme » Houda sans l’en aviser ou demander son avis. Tel un objet que l’on déplace d’un coin à l’autre, Houda se retrouve de nouveau sous le même toit que sa belle-mère et sa rivale. Le motif de ce retour, elle ne le comprendra que lorsqu’elle réalise que la seconde épouse a accouché et a besoin d’une aide ménagère. Sa fonction ne change pas et l’enfer ne fait que s’amplifier. Le comble est qu’elle sera répudiée une deuxième et troisième fois sans pouvoir contester ni dénoncer cet abus.

A 17 ans, noyée dans un sentiment d’humiliation et de rancune, elle refuse de revenir chez ses parents et loue une petite chambre. Pour pouvoir payer le loyer et se prendre en charge, elle se cherche un travail. Mais ce n’est pas ici que prend fin l’histoire de Houda. Elle ne s’est pas encore débarrassée de son ex-mari. Il tente de la convaincre d’épouser un mari « mouhalil » pour la reprendre en femme pour la quatrième fois. Anéantie par la précarité de sa vie, Houda finira par céder aux avances de son ex-mari. Elle entretient des relations sexuelles avec lui sans qu’il y ait mariage. Houda tombe enceinte, elle est accueillie et soignée au domicile de son ex-mari pendant les neuf mois de grossesse et jusqu’à la naissance du bébé. Le père reconnaît la légitimité de son enfant, accomplit toutes les formalités administratives nécessaires et organise une cérémonie de baptême. La mère de l’enfant sera, pour sa part, renvoyée au domicile de ses parents et privée de son enfant déclaré officiellement comme étant l’enfant de la deuxième femme.

Houda a perdu son droit à la maternité de peur de faire l’objet de poursuites judiciaires pour « atteinte aux moeurs ».

Libération

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Famille - Moudawana (Code de la famille) - Polygamie - Mariage

Ces articles devraient vous intéresser :

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

Achraf Hakimi : « Tout le monde s’est sacrifié pour moi »

Dans une interview, le latéral droit marocain du PSG Achraf Hakimi a témoigné de son amour et de sa reconnaissance à tous ceux qui se sont sacrifiés pour lui, sans manquer d’évoquer son enfance, son attachement à la famille et sa passion pour la mode.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Hôtels au Maroc : la fin du certificat de mariage ne plaît pas à tout le monde

Au Maroc, la levée de l’exigence d’un certificat de mariage dans les hôtels est loin de faire l’unanimité. Alors que certains Marocains ont célébré cette évolution comme une étape vers plus de liberté personnelle et de vie privée, d’autres estiment que...

Maroc : ils disent “non” au mariage !

Le Maroc connaît une véritable révolution des mœurs. Les données du dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat, réalisé par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), montrent des changements profonds dans les comportements matrimoniaux et...

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Manal Benchlikha est enceinte

La chanteuse marocaine, Manal Benchlikha, a enfin confirmé les rumeurs qui circulait depuis plusieurs semaines : elle est enceinte !

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?