L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.
Vendredi 10 avril, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), à une dizaine de kilomètres de Perpignan, un adolescent rachitique et grelottant erre, fouille dans les poubelles, le visage ensanglanté. Un riverain, très vite conscient du malaise, secourt le jeune garçon et prévient aussitôt les autorités.
L’adolescent âgé de 16 ans avoue aux enquêteurs « avoir été frappé par sa mère pour avoir volé une poignée de sucre dans la cuisine ». Un récit qui pousse les gendarmes à effectuer une perquisition au domicile de la famille, un appartement de la cité du Puig occupé par les parents du garçon ainsi que ses sept frères et sœurs. La découverte est glaçante. Les enfants montrent tous de graves signes de malnutrition. L’adolescent recueilli ne pèse que « 32 kilos pour 1,65 m, alors que deux de ses sœurs, âgées respectivement de 13 et 15 ans, n’affichent que 22 kg sur la balance. » Tous trois ont été hospitalisés d’urgence afin de suivre un régime hyperprotéiné.
Mis en examen lundi, puis incarcérés le lendemain à la maison d’arrêt de Perpignan, pour « privation de soins et d’aliments à enfants », les parents, quinquagénaires d’origine marocaine, seront soumis à une expertise psychiatrique et encourent une peine de sept ans de prison.
Le père a expliqué ces sévices lors de la garde à vue, en assénant qu’il était « important de respecter le Coran et la spiritualité ». Selon lui, « les enfants sont habités par le mensonge, il faut les purifier. L’amaigrissement est le signe de la réussite ». Le procureur de la République de Perpignan, Jean-Pierre Dréno, a cependant qualifié d’« illuminé » le père de famille, au motif que « les faits vont bien au-delà de la pratique religieuse. Il ne s’agit nullement d’un islam radical, mais plutôt d’une dérive sectaire, où un personnage central détient la vérité et l’impose de manière violente à ses proches ».
L’avocate du père, Me Barrère, a indiqué que la famille disposait « de 25 kilos de riz et de semoule par mois, ainsi que de 2 kg de poulet et d’agneau. » Selon les éléments du dossier, les revenus du couple se limitent à 1 500 euros de prestations sociales par mois, auxquelles s’ajoutent 300 euros du père, vendeur ambulant de produits bio.
Source : Libération.fr - Willy Le Devin
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