Jugé pour terrorisme, Abdelhamid Al-Madioum, 27 ans, risque 12 ans de prison ferme. C’est la réquisition prononcée par les procureurs généraux. Sept ans suffisent, plaide son avocat, assurant que son client a cessé de croire à l’idéologie extrémiste du groupe EI il y a des années. Mais les procureurs expliquent avoir réclamé 12 ans de prison au lieu de 20 en tenant compte sa coopération avec les autorités dans plusieurs enquêtes et poursuites liées à la sécurité nationale, et de son passage aux aveux à son retour aux États-Unis, rapporte Associated Press. « L’accusé a fait bien plus que nourrir des convictions extrémistes. […]Il a choisi l’action violente en prenant les armes pour l’EI », ont-ils écrit dans une note de condamnation. Dans une correspondance adressée au juge de district américaine Ann Montgomery, qui devrait prononcer sa condamnation mercredi, le prévenu exprime des regrets. « La personne qui est partie était jeune, ignorante et malavisée. […] J’ai été transformé par l’expérience de la vie : par la trahison que j’ai endurée en tant que membre de l’EI, en devenant père de quatre enfants, mari, amputé, prisonnier de guerre, sous-alimenté, en voyant la douleur et l’angoisse et les grincements de dents que provoque le terrorisme, l’humiliation, les larmes, la honte », écrit-il. Il ajoutera : « J’ai rejoint une secte de la mort et ce fut la plus grosse erreur de ma vie. »
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Al-Madioum est un Marocain naturalisé américain. Il figure sur la liste des habitants du Minnesota soupçonnés d’avoir quitté les États-Unis pour rejoindre le groupe État islamique, aux côtés de milliers de combattants d’autres pays du monde. Plusieurs dizaines de personnes ont quitté le Minnesota pour rejoindre des groupes militants en Somalie ou en Syrie. Neuf d’entre eux ont été condamnés en 2016 pour avoir conspiré en vue de rejoindre l’EI. Mais le MRE est l’un des rares Américains rapatriés aux États-Unis à avoir réellement combattu pour le groupe. Il est l’un des 11 adultes à être officiellement rapatriés en 2023 aux États-Unis après le conflit en Syrie et en Irak pour faire face à des accusations de crimes liés au terrorisme et d’affiliations présumées à l’EI, précise un mémo de condamnation de la défense.
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Al-Madioum a grandi dans la banlieue de Minneapolis, à St. Louis Park, dans une famille aimante et non religieuse, avant de décider de rejoindre plus tard l’EI. Sa motivation ? Il affirme avoir voulu aider les musulmans qui, étaient, selon lui, massacrés par le régime du président syrien Bashar Assad dans la guerre civile de ce pays. Il sera persuadé par les recruteurs de l’organisation « de tester sa foi et de devenir un vrai musulman ». Il prend les armes et combat pendant deux mois. Cette période le marquera à vie. Le jeune Marocain perd son bras droit dans une explosion. Il s’en sort avec deux jambes gravement cassées et d’autres blessures graves. En 2016, il fait la connaissance de Fatima, une veuve de l’EI qui avait déjà un fils. Ensemble, ils forment un couple. Fatima accouche d’un bébé en 2017. Le couple vivait dans la pauvreté et sous des frappes aériennes constantes, Al-Madioum ne pouvant pas travailler. En 2018, le père de famille se retrouve sans allocations de l’EI. La même année, il se met en couple avec Fozia, également veuve de l’EI, mère d’une fille de 4 ans. Le couple se sépare début 2019. Sa première épouse a été abattue sous ses yeux par les forces rebelles ou par un combattant de l’EI en 2019, a indiqué la défense. Le lendemain de cet assassinat, il marchait avec ses fils et s’est rendu aux Forces démocratiques syriennes dirigées par les Kurdes. Selon la défense, il a été détenu dans des conditions « odieuses » pendant 18 mois jusqu’à ce que le FBI le rapatrie aux États-Unis.