Maroc : le Covid-19, un risque majeur pour l’immobilier

12 mai 2021 - 11h20 - Economie - Ecrit par : S.A

Au Maroc, l’immobilier est l’un des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire liée au coronavirus. Un secteur déjà confronté à une crise endogène. Zakia Medkor, responsable Souscription risques techniques et spécialités apporte un éclairage.

« […] Avant 2020, le secteur de l’immobilier au Maroc vivait déjà une crise continue. Les raisons sont principalement intrinsèques et elles agissent en cercle vicieux. Les prix relativement élevés des biens dans le marché constituent le principal obstacle à la croissance du secteur. Cela s’est exacerbé par la rareté ou l’indisponibilité du foncier dans les secteurs prisés, notamment dans les grandes villes et leurs proches périphéries », a déclaré Zakia Medkor dans une interview accordée à Afrique Midi.

Selon elle, le secteur de la construction souffre aujourd’hui d’une anarchie structurelle qui est contre-productive pour son développement. « En l’absence d’un code pour la construction, les rôles et responsabilités sont mal définis et c’est la qualité qui en pâtit », a-t-elle souligné, notant que les défaillances qui peuvent en résulter ne sont pas de nature à encourager la confiance du consommateur local ou de l’investisseur étranger ni même favoriser l’accompagnement par d’autres secteurs comme celui de l’assurance.

« Après le début de la crise, la demande pour les biens immobiliers a sensiblement chuté, suite aux remises en question des acheteurs sur leur décision d’achat et leur crainte (parfois justifiée) de voir leur pouvoir d’achat diminuer, fait remarquer la responsable Souscription risques techniques et spécialités. Cela a inévitablement mené à l’accumulation des stocks d’invendus chez les promoteurs et a affecté leurs trésoreries ». Elle évoque également la nouvelle redistribution de la préférence des clients après l’expérience du confinement. Elle cite en exemple l’orientation des familles citadines vers les maisons individuelles et résidences secondaires. « Coté financement, les taux d’intérêt au Maroc restent élevés pour une large frange de la population », a-t-elle ajouté.

Pour inverser la tendance, elle suggère de renforcer la demande en priorité en redonnant confiance aux consommateurs dans la qualité des biens construits y compris pour les produits économiques, à travers la mise en place du Code de Construction et en veillant à son application ; à travers la mise en application de la loi d’obligation d’assurance pour les chantiers de construction et la responsabilité civile décennale ; en prolongeant (et pourquoi pas en instaurant) la réduction sur les frais d’enregistrement et d’immatriculation pour l’acquisition des biens éligibles ; en mettant en place des incentives au profit des acquéreurs (fluidité administrative, aides…) et notamment pour les primo accédants ; en mettant en place des conventions de garantie avec les banques visant à soutenir la baisse des taux d’intérêt des emprunteurs, etc.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Coronavirus au Maroc (Covid-19)

Aller plus loin

Maroc : grosses pertes pour le secteur immobilier

Au Maroc, le secteur de l’immobilier a été durement touché par la crise sanitaire liée au coronavirus, avec à la clé, une grosse perte estimée à plus de 40 milliards de dirhams.

Maroc/Marché immobilier commercial : vers une industrie plus organisée

Le marché marocain de l’immobilier commercial se porte très bien ces derniers mois. Il tend vers une industrie plus organisée, qui s’adapte à l’évolution des préférences et...

Immobilier au Maroc : les explications d’un expert sur les vices cachés

Après l’achat d’un bien immobilier, des vices cachés peuvent être constatés. Dans une interview accordée à la MAP, le Directeur général du cabinet GUI4, expert en immobilier et...

Immobilier au Maroc : les chantiers à l’arrêt

Alors que les travaux sont aux arrêts dans de nombreux chantiers ouverts dans le pays, signe d’un climat morose dans le secteur immobilier marocain, les institutions annoncent...

Ces articles devraient vous intéresser :

Aide au logement au Maroc : un programme plébiscité par les MRE

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) jouent un rôle important dans la réussite du programme d’aide directe au logement, selon Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la...

Des influenceurs marocains impliqués dans des achats immobiliers illégaux à l’étranger

L’Office des changes a découvert que des influenceurs et créateurs de contenu sur Internet ont des propriétés non déclarées à l’étranger et violent les textes régissant le change.

Maroc : l’aide au logement booste le marché de l’immobilier

Au Maroc, le nouveau programme d’aide à l’acquisition de logements est susceptible d’apporter une bouffée d’oxygène au marché immobilier.

BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) marocain est en plein essor. En 2024, l’investissement public dans ce domaine a connu une augmentation fulgurante de 56 % par rapport à l’année précédente, atteignant un montant de 64 milliards de...

Le Maroc va instaurer une aide à l’achat de logement

L’achat de logements au Maroc pourrait bien connaître un nouveau souffle. Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’habitat et de la Politique de la ville, a laissé entendre que des dispositions...

Maroc : changement majeur chez Airbnb

La plateforme américaine Airbnb interdit désormais toutes les caméras de surveillance à l’intérieur des logements mis en location. Cette nouvelle règle entrera en vigueur en avril dans tous les pays, y compris le Maroc.

Maroc : l’afflux des MRE va booster le secteur immobilier cet été

L’arrivée au Maroc cet été des Marocains du monde dans le cadre de l’Opération Marhaba, va contribuer à booster le secteur de l’immobilier.

Nouvelle taxe pour l’hébergement chez l’habitant au Maroc

Le gouvernement marocain travaille à réglementer les hébergements alternatifs. Une nouvelle taxe pour l’hébergement chez l’habitant sera bientôt instaurée. Une manière pour lui d’encadrer le tourisme chez l’habitant.

Maroc : les revenus d’Airbnb traqués

L’Office des changes vient de lancer une vaste opération d’audit visant les transferts financiers internationaux entre propriétaires et bénéficiaires des locations de biens immobiliers via Airbnb.

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.