Procès à Paris : des mineurs marocains drogués et exploités par des Algériens
Le procès visant six hommes, tous d’origine algérienne, accusés d’exploiter de jeunes mineurs isolés d’origine marocaine, s’est ouvert ce jeudi 14 décembre à Paris.
Trois ouvriers marocains travaillant dans les propriétés viticoles du Libournais, en Gironde, viennent de déposer plainte contre leur employeur qu’ils accusent d’escroquerie et de traite d’êtres humains.
Les trois Marocains affirment n’avoir jamais touché de salaire depuis leur arrivée en France. Dans leurs plaintes déposées mardi auprès des gendarmeries de Coutras, Saint-Emilion et Castillon-la-Bataille pour « menace de crime contre les personnes avec ordre de remplir une condition », ils accusent leur employeur de les avoir extorqués 14 000 euros, relaie France 3.
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Les trois plaignants affirment qu’il y a un an et demi, ils ont travaillé durant cinq mois au cours desquels ils recevaient des fiches de paie et des attestations employeurs, mais aucune somme n’était versée sur leur compte. « L’intermédiaire percevait leurs salaires et les conservait sur son compte en leur expliquant qu’il s’agissait de rembourser leur prétendue dette de 14 000 euros », explique Christian Delgado, membre du collectif Bienvenue aux travailleurs agricoles en pays foyen et en pays castillonais (BTAPFPC), une association qui aide les travailleurs saisonniers agricoles étrangers.
Les trois Marocains dénoncent également des conditions de vie déplorables. Ils sont logés chez « une femme d’origine africaine » à qui ils versent un loyer de 170 euros. « Le logement est insalubre et ils étaient jusqu’à 12 à vivre dedans », s’alarme Delgado. Dépassés par la situation, ils décident de porter plainte. « Suite à ces plaintes, l’intermédiaire a menacé les trois victimes ainsi que leur famille restée au Maroc. Il a envoyé des hommes pour qu’ils retirent leur plainte. Ils ont fui à Castillon-la-Bataille parce qu’ils avaient peur », dénonce-t-il.
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Le Collectif a sollicité les services d’avocats pour monter des dossiers de prud’hommes. « Il faut qu’on puisse leur faire rattraper ces cinq mois de salaire qui n’ont pas été payés », explique Christian Delgado. Plusieurs affaires de traite d’êtres humains dans les fermes agricoles et notamment viticoles ont été portées devant les tribunaux d’Aquitaine ces dernières années. Cinq personnes accusées d’avoir exploité 22 ouvriers marocains en Lot-et-Garonne seront jugées courant février. En Gironde, un père et son fils ont été condamnés pour des faits similaires en novembre dernier.
Selon le ministère de l’Intérieur français, les cas de traite humaine ont augmenté de 6 % en 2023. Dans le Libournais, huit cas ont été signalés. « Le problème, c’est qu’aujourd’hui, n’importe qui peut devenir prestataire de services », déplore Christian Delgado. Lors d’un colloque, le parquet de Libourne s’est engagé à lutter contre ces réseaux criminels de traite humaine. « Il a l’intention de faire le ménage dans le Libournais, quitte même à saisir les biens des employeurs qui font subir la traite humaine », affirme le président du Collectif qui appelle à la mise en place d’une structure pour assurer le suivi de ces plaintes.
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