La commission des Finances à la Chambre des conseillers a revu à la baisse le droit d’importation appliqué aux smartphones. Ce qui semble être une bonne nouvelle s’avère très désavantageux pour les distributeurs locaux et les consommateurs.
Au double motif de pratiques anticoncurrentielles et de discrimination, Maroc Telecom avait déposé, voilà un peu plus de quatre mois, un recours devant l’Agence nationale des réglementations des télécommunications (ANRT). En cause, Otéo, filiale dédiée à l’aménagement numérique des zones d’offshoring de Wana.
La polémique autour de ce différend commercial continue d’enfler. Chez le régulateur, rien ne filtre en attendant, avance-t-on, que le comité de gestion rende sa décision. Combien de temps faudra-t-il patienter ? Personne ne sait.
A ce jour, l’ANRT n’a rendu que 3 décisions dont une pour précision sur la panoplie de saisines sur les pratiques anticoncurrentielles et concentrations économiques. La saisine de Maroc Telecom va au-delà de la traditionnelle concurrence commerciale. Il cite nommément des entreprises installées à Casanearshore, qui, selon lui, regrettent de n’avoir pas eu le choix de leur opérateur. « Nous avons été approchés par plusieurs grands clients, tels que BNP Paribas, Tata Consulting, Cap Gemini, GFI, HPS ou encore la CNSS, qui dénoncent avoir été contraints de passer, dans les faits, par Wana pour accéder aux services de télécommunications à Casaneashore ».
L’Economiste en a contacté quelques-unes mais aucune n’a souhaité répondre à nos questions. Mounir Qalam, président du conseil d’administration d’Otéo et vice-président de Wana, en charge du pôle Entreprises, dit tout autre chose. « Maroc Telecom a pris connaissance de notre offre à son lancement et a demandé des aménagements, notamment en termes de granularité des débits et de prix. Malgré les efforts consentis par Otéo pour répondre à sa demande et l’invitation d’Otéo et Casanearshore à servir les clients ayant commandé des services au plus vite en parallèle aux discussions, il a refusé ».
En tout cas, le moins qu’on puisse dire est que le différend en cours entre les deux opérateurs ne facilite pas la tâche au régulateur. Au-delà du conflit commercial dont le business de l’offshoring porte sur 1,5 milliard de DH (500 millions à Casaneashore), Maroc Telecom remet en cause même le processus d’appel d’offres. L’opérateur historique dit avoir été écarté de l’équipement en infrastructures de télécoms de Casanearshore, au prétexte qu’il n’était pas associé à un grand opérateur étranger.
Ce que rejette en bloc le donneur d’ordre, MedZ, via l’administration du parc Casanearshore. « L’appel d’offres pour équiper les parcs de Casanearshore et de Rabat Technopolis n’avait qu’une seule exigence : une offre de qualité pour nos plateformes dédiées ». Est-ce à dire que les offres Maroc Telecom et Méditel n’étaient pas à la hauteur ?
En tout cas, l’appel d’offres pour équiper le parc de Fès, en attendant Marrakech et Tanger, promet de belles empoignades quand on sait que MedZ a du mal à cacher sa satisfaction pour sa première expérience avec Otéo. Ceci d’autant plus que le modèle retenu par MedZ sur recommandation du cabinet McKinsey est le choix d’un opérateur unique pour l’aménagement télécom d’une zone.
Il n’empêche, Maroc Telecom a tenu à en avoir le cœur net. L’opérateur a écrit aux responsables de MedZ « pour obtenir des explications » sur les résultats de l’appel d’offres en question. Aucune réponse à ce jour du côté de la filiale de CDG Développement, « malgré nos relances », insiste une source.
Le tournant
Le différend Maroc Telecom/Wana prendrait-il d’autres proportions ? De sources proches de l’opérateur historique, on confie que ce dossier est en cours d’étude. Une plainte devrait être déposée en justice. Contactée par L’Economiste, la direction de la réglementation et de la communication d’IAM n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Source : L’Economiste - Bachir Thiam
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