Un certain nombre d’initiatives soulignent le changement de cap du royaume vers une politique davantage axée sur les logements sociaux. L’année dernière, le roi Mohammed VI a annoncé le lancement d’un nouveau plan national portant sur la construction de 130.000 logements sociaux supplémentaires d’ici 2012, pour un montant total de 15,5 milliards de dirhams (1,4 milliard d’euros).
Dans le cadre de la mise en oeuvre de ce programme de logements économiques, Al Omrane, la société d’aménagement publique, a mis en chantier 22.000 logements l’année dernière, actuellement en cours de construction, et s’est engagé à réaliser 129.000 unités d’habitation dont le prix de cession ne dépassera pas les 140.000 dirhams (12.712 euros) au cours des quatre prochaines années. Le groupe a également annoncé la prochaine tranche de développement de son programme HLM à savoir la construction de 30.000 nouveaux logements par les promoteurs du secteur privé. À cet effet, la société a récemment entamé des négociations avec 67 promoteurs privés pour la cession de terrains.
Ces projets sont les derniers en date d’une série de plans sociaux nationaux destinés à répondre aux besoins en logement des ménages à bas revenus. En 2004, le gouvernement a lancé « Villes sans bidonvilles », un programme de 21,4 milliards de dirhams (1,9 milliard d’euros), qui entend déloger quelque 280.000 ménages vivant actuellement dans les bidonvilles du pays pour leur attribuer un domicile fixe. Le gouvernement a également inauguré la première de ces « villes nouvelles » l’année dernière, un programme destiné à reloger les Marocains qui n’ont plus les moyens de vivre en centre-ville. La nouvelle ville-satellite de Tamansourt, un projet de 22,3 milliards de dirhams (2 milliards d’euros) situé à 12km de Marrakech, accueillera à terme une population de 300.000 habitants dans des résidences à petits prix.
Karim Amor, président du groupe Jet Sakane, a déclaré à OBG, « le Maroc connaît une forte demande en logements ordinaires à bas et moyens prix et est à l’avant-garde de ce type d’aménagement urbain. »
Néanmoins, le gouvernement doit relever un certain nombre de défis en vue d’augmenter son parc de logements neufs. Une des principales questions auxquelles les promoteurs sont habituellement confrontés est l’immatriculation de la propriété foncière. En effet, à peine un tiers du foncier marocain a reçu les attributions reconnues par la législation et la règlementation en vigueur, ce qui crée une certaine ambiguïté en matière de responsabilités légales et de droits de propriété. La Banque mondiale estime qu’il faudra au moins 15 ans pour que la totalité de la propriété foncière soit immatriculée. Ceci étant dit, les autorités reconnaissent le problème et ont pris certaines mesures pour remédier à cette situation, notamment à travers la création d’une agence nationale chargée d’établir les plans cadastraux et la cartographie, à savoir l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du Cadastre et de la Cartographie. Pourtant, cette problématique demeure une réalité et continue de dissuader les sociétés qui souhaiteraient s’implanter dans le royaume.
Le changement du cap du royaume vers une politique davantage axée sur les logements sociaux est relativement récent. Le marché immobilier haut de gamme au Maroc a connu des années de forte progression durant l’essor de l’économie mondiale, principalement tirée par l’appétit grandissant à l’étranger pour les résidences secondaires. Néanmoins, sous l’effet de la progression de la récession à l’échelle mondiale, la demande en logements de luxe a sensiblement diminué, pénalisant une bonne partie du marché immobilier marocain, qui accuse aujourd’hui une chute des ventes. Parmi les régions les plus touchées par cette contraction sont celles qui connaissent une affluence touristique et qui attirent les nouveaux projets hôteliers, à l’image de Marrakech.
Rachid Khayatey, PDG de KLK Immobilier et vice-président de la Fédération nationale de promoteurs immobiliers, a déclaré à la presse locale : « Dans l’axe Casablanca-Rabat, l’activité connaît une toute petite baisse de 10 à 15 %, mais à Marrakech, le ralentissement des ventes est beaucoup plus visible. »
Sous l’effet de la baisse de la demande en logements de luxe, l’année 2009 est appelée à connaître un ajustement des prix de l’immobilier mais l’intérêt grandissant du royaume pour les logements économiques ne peut être que bénéfique pour ceux qui attendent un toit.
Source : Oxford Business Group