Dans le secteur du sport en plein essor au Maroc, l’informel gagne du terrain. Les professionnels, mécontents, tirent la sonnette d’alarme.
Les importateurs et vendeurs de produits Nike contrefaits n’ont qu’à bien se tenir. La marque se lance dans une véritable chasse aux contrefacteurs. Pour ce faire, les représentants du distributeur exclusif de la marque qui compte parmi ses rangs un protecteur de la marque (Brand protect manager) multiplient les descentes dans les magasins et souks, accompagnés de huissiers de justice.
Signalons d’abord que Nike peut engager deux types d’actions en justice : le premier concerne les vendeurs et le second les importateurs. « Nous sommes actuellement à 70 actions en justice environ. Dix- sept d’entre elles sont engagées à l’encontre d’importateurs, et le reste contre des vendeurs de produits contrefaits et estampillé de l’enseigne de Nike », explique le responsable protection de la marque américaine.
Deux procès ont récemment été jugés et publiés dans deux journaux nationaux. Les jugements concernent deux commerçants dont un à Derb Ghallef et le second à Lakriâ. Les deux commerçants ont été condamnés à payer des dommages et intérêts de 10.000 DH chacun au plaignant Nike International LTD. Selon un responsable de la marque au Maroc, les actions contre les importateurs sont beaucoup plus importantes que celles engagées contre les vendeurs. « Les procès contre les importateurs nous permettent d’attaquer le problème à la source. Ainsi, nous coupons l’herbe sous les pieds des revendeurs qui sont obligés, face au manque de marchandise contrefaite, de se rabattre sur le commerce formel », souligne ce responsable.
La guerre déclarée contre les importateurs de produits contrefaits a pu bénéficier d’un nouvel arsenal juridique après l’entrée en vigueur en février 2006 de la loi 31/05, qui modifie et complète la loi 17/97 relative à la propriété industrielle et commerciale. En effet, la douane ne pouvait agir que sur décision du tribunal compétent ordonnant la saisie des marchandises contrefaites. Le nouveau texte a donc non seulement durci les sanctions, mais il a prévu la possibilité de saisie aux frontières par la Douane.
« Depuis l’entrée en vigueur du nouveau texte, nous travaillons de concert avec l’administration des Douanes. Lorsqu’ils saisissent des marchandises estampillées de l’enseigne Nike qu’ils jugent contrefaites, ils nous en informent. Et c’est Nike qui porte plainte contre l’importateur », assure Brand protect manager.
Les actions de Nike concernent plusieurs villes du Royaume même si le principal du combat a lieu à Casablanca. Celle-ci est considérée comme l’un des fiefs de la contrefaçon avec Rabat, Fès et Marrakech. Les lieux de prédilection pour commercialiser les chaussures et vêtements de sport contrefaits sont, entre autres, Souk Lakriâ et Derb Ghallef pour les grossistes, l’ancienne Médina pour les détaillants. D’autres points de vente sont également identifiés notamment certains magasins au Maârif, mais ces derniers n’écoulent que de faibles quantités.
L’union fait la force
Sur une initiative des filiales de sociétés américaines qui souffrent de l’économie de la contrefaçon et des réseaux de contrebande, une alliance des grandes marques a été créée en 2003 pour unifier l’action contre la contrefaçon. “Brand Protect Group”, où figurent la plupart des majors de l’industrie mondiale (Goodyear, Unilever, Procter & Gamble, Nike), est une structure souple et formelle. Elle rappelle étrangement la Business Software Alliance qui regroupe les plus grandes marques du Software telles que Microsoft, Adobe, Apple, Sybase, Symantec…
L’Economiste - Naoufal Belghazi
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