Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.
Les autorités marocaines multiplient depuis la fin janvier les opérations d’interpellation et d’interrogatoire dans la mouvance islamiste radicale alors que le Parlement a commencé l’examen d’un arsenal législatif anti-terroriste.
Près d’une centaine d’islamistes accusés d’avoir des liens avec le groupe clandestin Salafia Jihadia (salafisme combattant) sont actuellement détenus dans les prisons ou les commissariats du royaume, selon une source sécuritaire occidentale qui a requis l’anonymat.
Dans le cadre de cette campagne, qualifiée par la même source de "signal fort à toute la mouvance islamiste radicale", le théologien-prédicateur Hassan Kettani, qui officie dans une mosquée de Salé (ville limitrophe de Rabat), a été interpellé mercredi par la police marocaine.
Connu pour la virulence de ses prêches d’inspiration salafiste et ses positions anti-américaines, Hassan Kettani devait être déféré vendredi devant la justice marocaine.
Un autre prédicateur, également connu pour ses diatribes anti-occidentales et qui a affirmé publiquement à plusieurs reprises que "Oussama ben Laden était un héros du monde musulman", a également été récemment été interpellé début février.
Déjà condamné en juillet 2002 à trois mois de prison pour "incitation à la violence", Abdelwaheb Rafiki, dit "Abou Hafs", prédicateur à Fès (200km à l’est de Rabat), affirme avoir été interrogé "pendant plus de 20 heures" avant d’être relâché.
"Ces arrestations sont en relation avec la situation politique internationale et la future agression américaine contre l’Irak", a déclaré Abou Hafs à l’Associated Press. "Le Maroc veut montrer un bon visage à l’Amérique."
Les autorités marocaines estiment qu’il existe "un lien évident" entre le groupe clandestin Salafia Jihadia et la nébuleuse de Al-Qaïda, également signalée en Algérie à travers le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC).
Les services de sécurité du royaume estiment "à environ 300" le nombre de ressortissants marocains ayant séjourné dans les camps d’entraînement d’Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan, 17 d’entre eux, dont Abdallah Tabarak, considéré comme le garde du corps de Ben Laden, étant actuellement détenus à la base militaire américaine de Guantanamo.
Réclamant les moyens juridiques de leur mission pour "éviter un dérapage à l’algérienne", les artisans de la politique sécuritaire du royaume ont obtenu du gouvernement la rédaction d’un projet de loi anti-terroriste, qualifié de "liberticide" par plusieurs associations de droits de l’Homme et journaux marocains.
Le nouveau dispositif juridique introduit notamment la qualification "d’acte terroriste", l’aggravation des peines encourues, la prolongation de la garde à vue, et le renforcement des moyens d’enquête (écoutes téléphoniques, perquisitions..).
Ce projet est débattu depuis jeudi devant la chambre des Représentants où les islamistes "modérés" du Parti de la justice et du développement (PJD) ont fait une entrée massive en septembre 2002 en triplant leur nombre de députés.
AP
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