Près de 17 000 personnes (dont 44 % de femmes et 22 % de MRE) ont déjà bénéficié du programme d’aide directe au logement à la date du 15 juillet, a indiqué Aziz Akhannouch, le Chef du gouvernement, à la Chambre des représentants.
L’arme de promotion est fatale, en plus de l’atout de la formule : « Transferts d’argent pas chers ». Une trouvaille que revendiquent tous les acteurs du marché de transfert d’argent, qui laisse peu de gens insensibles. Et le match engagé sur le terrain du marketing par Western Union, leader incontestable du marché, MoneyGram, et les autres, est loin d’être joué.
L’avantage va pour l’instant à Western Union opérateur historique, qui mène largement aux points, avec plus de 300.000 agences dans plus de 200 pays. MoneyGram, son challenger le plus redoutable, revendique aussi plus de 100.000 points de contacts répartis dans plus de 170 pays à travers le monde. Ces deux opérateurs sont présents au Maroc à travers des partenariats avec des banques et Poste du Maroc. Malgré que la diaspora marocaine recourt massivement au réseau bancaire, les transferts d’argent sous forme d’aides familiales constituent un matelas structurel pour ces sociétés. Le reste est occupé par quelques nouveaux venus dont Money Express (plus de 40.000 transactions par mois à travers le monde), Money Exchange, Ria Envia, Travelex TMT, Chequepoint, Xpress Money et quelques banques. Pour autant, les ténors ne dorment pas sur leurs acquis.
L’offensive marketing de Western Union se passe de commentaire. Le sponsoring de « Initiative Africa », une émission télévisée diffusée sur toute l’Afrique noire, une caravane publicitaire, la diffusion d’une bande dessinée, l’organisation d’un concours pour gagner des moutons au moment de chaque fête de l’Aïd El Kebir… tout y passe. Pour Western Union, tout est bon pour tisser sa toile dans ces pays. Résultat. En un an, l’entreprise a réussi à doubler le chiffre d’affaires de 260 agences implantées au Sénégal, en signant des partenariats avec le réseau postal et les banques du pays.
Les questions de transferts d’argent sont indissociables des débats sur les politiques migratoires. Les mécanismes de transfert sont désormais perçus comme de nouveaux outils de développement, en témoignent les dernières perspectives économiques de la Banque mondiale pour 2006.
Dans une étude intitulée « Global development finance 2005 : mobilizing finance and managing vulnerability », la Banque rappelle que « ces transferts sont désormais, avec l’aide publique au développement et les investissements directs étrangers (IDE), l’une des principales sources de devises pour de nombreux pays ».
Les flux des 200 millions de personnes travaillant hors de leur pays à travers le monde atteignent plus de 230 milliards de dollars chaque année dont 167 milliards vers les pays en développement.
L’enjeu est de taille. Et les professionnels ont compris qu’il s’agit bel et bien d’un business juteux. On est alors loin du temps où l’on considérait les transferts des travailleurs immigrés dont les MRE comme une « aide alimentaire » visant à satisfaire les besoins quotidiens des familles restées au pays. Cet argent est aujourd’hui considéré comme une épargne pouvant créer de l’investissement productif. Mais son coût reste onéreux. Il est parfois si élevé par rapport aux revenus des migrants ou au montant des transactions que même le G8 réuni à Sea Island aux Etats-Unis, en 2004, s’était fendu d’une déclaration pour en demander la réduction. Les deux principaux ténors le fixent entre 15 à 25% du montant transféré. Pour un envoi de 100 euros au Maroc, Western Union taxe 19 euros.
Le montant des transferts des MRE s’est élevé à plus de 47 milliards de DH en 2006. Il est de 16 milliards de dollars sur tout le continent, soit environ 129,969 milliards de DH.
Pour faire face à ces coûts, à l’instar des autres travailleurs migrants, les MRE ont recours aux circuits parallèles, à « la valise à billets », assurés sans contrepartie financière par un compatriote retournant au pays. Une faille où certaines banques se sont engouffrées.
Leur approche marketing consiste à proposer des commissions à moindre coût tout en permettant d’effectuer des opérations via les nouvelles technologies (Internet, mobiles, SMS, cartes rechargeables) ou en donnant la possibilité de souscrire à distance à des produits d’épargne, d’assurance, de retraite voire même à des prêts. Certaines, comme Attijariwafa bank a supprimé les frais de transferts des Marocains résidant en Espagne. La Société Générale offre des formules de transfert sécurisé dans ses succursales en Afrique et au Maghreb à partir de la France, à la condition d’y posséder un compte. Sa méthode est prouvée. Moyennant un abonnement annuel de 25 euros, le souscripteur peut réaliser jusqu’à deux virements par mois pour des montants compris entre 50 et 600 euros pour des frais de 10 euros à l’exception du Maroc où ils sont de 5 euros.
La SGMB a ouvert un centre de relations des Marocains de l’étranger à Paris. Le groupe Banques populaires, premier établissement pour le rapatriement de l’épargne des MRE, propose également des produits spécifiques. La Banque des Marocains sans frontières d’Attijariwafa bank a étoffé aussi son offre. De manière générale, les groupes implantés sur le continent, a fortiori dans les pays à forte migration, ont créé toute une série de produits réservés aux nationaux vivant à l’étranger permettant les transferts à coûts réduits et une gestion à distance (LCL, BNP Paribas...).
Comparatif des frais de transfert
Les frais de transfert varient d’une entreprise à une autre. Pour un envoi d’un montant de 50 euros, Western Union facture 10,5 euros, MoneyGram 8 et Flouss.com 9. Pour 100 euros elles prennent respectivement 19, 10 et 9 euros et pour 500 euros, Western Union taxe 38 euros contre 32 pour MoneyGram et 28 chez Flouss.com Le comparatif synthétique donne également un profil différent de ces trois entreprises.
Western Union : temps d’envoi (non communiqué) ; Méthode (agence et Internet, argent liquide/carte de crédit) ; Réception (agence) ; Frais de transfert (les plus élevés de toutes les entreprises du secteur) ; Frais de change (indéterminés).
MoneyGram : Temps d’envoi (10 mn) ; Méthode (agence et Internet, argent liquide/carte de crédit/virement bancaire) ; Réception (agence) ; Frais de transfert (dans la moyenne) ; Frais de change (indéterminés).
Flouss.com : Temps d’envoi (instantané) ; Méthode (Internet, cartes de crédit) ; Réception (guichets automatiques) ; Frais de transfert (les plus bas à partir d’un montant de 100 euros) ; Frais de change (fixes, 1,5% du montant retiré) ; Frais supplémentaires (acquisition de la carte Flouss à 39 euros).
L’Economiste - Bachir Thiam
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