Les revenus issus du tournage de films étrangers au Maroc ont connu une forte augmentation.
Moumen Smihi, né à Tanger en 1945, est l’un des pionniers du cinéma moderne marocain, aux côtés de Tazi, Bennani, El Maanouni, et Ferhati. Pour ces jeunes cinéastes, il s’agissait alors de proposer une alternative au cinéma de genre, en tournant des films qui imposent le cinéma comme art et non plus simplement comme divertissement.
Dès son premier court-métrage "Si Moh pas de chance" (1970), Smihi s’affirme comme l’un des jeunes cinéastes marocains les plus prometteurs. Promesse tenue avec "El Chergui", qui apporte à son auteur une reconnaissance internationale.
Aujourd’hui encore "El Chergui" ou "Le silence violent" (1975) brille d’une aura particulière dans l’histoire du cinéma marocain en raison de ses propositions formelles qui le place d’emblée dans le sillage des cinématographies les plus avancées. Film d’une singulière modernité, "El Chergui" qui se déroule à Tanger en 1954, s’affirme comme une réflexion sensible et subtile sur la question de l’aliénation et de la place des femmes dans la société.
À l’occasion de l’hommage que nous lui rendons à travers plusieurs de ses films, Moumen Smihi présente au cinéma Rif son dernier long-métrage "Les Cris de Jeunes Filles des Hirondelles".
Trois questions à Moumen Smihi
Cette rétrospective s’ouvre avec "Chroniques marocaines", inédit ici, qu’en pensez vous ?
Plaisir et intérêt plutôt que le public marocain connaisse un film qui a été vu à Paris, à Londres, à Washington, à Amman, à Milan… Beaucoup de films de l’histoire du cinéma ne sont jamais sortis en salle dans plusieurs pays, de grands films que la révolution numérique permet aujourd’hui au spectateur d’en assurer « la sortie » grâce au magique DVD.
Quelle est la place de "Tanger" au sein de vos films ?
Celle de Dublin dans les livres de James Joyce, ou de New York dans les films de Woody Allen, entre autres... Pas pour me comparer aux grands, mais pour dire qu’on parle le mieux de ce que l’on connaît le plus, cette territorialité où depuis l’enfance on déchiffre tous les sens du monde, l’amour de la vie, l’amour tout court, les passions de la cité, le devenir, la mort, la multiplicité des langues et des cultures, le destin des hommes de vivre ensemble coûte que coûte.
Quel regard jetez-vous aujourd’hui sur votre parcours et sur celui du cinéma marocain ?
Chaque nouveau film est pour moi un premier film, autant de passion, de souci de recherche, recherche du nouveau, d’approfondissement, en en assumant tous les risques.
Le cinéma marocain est une branche du cinéma arabe : le classicisme égyptien a été suivi dans les années 60 par le nouveau cinéma arabe dans plusieurs pays ; notre grande tâche est de réussir la greffe du cinéma sur la culture arabe, comme Taha Hussein et Naguib Mahfouz ont réussi l’introduction de la critique littéraire moderne et du roman dans la magnifique littérature arabe.
Source : communiqué
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