La montée des influenceurs salafistes sur TikTok inquiète en Belgique

2 août 2024 - 09h00 - Belgique - Ecrit par : P. A

En Belgique, l’attrait croissant des jeunes pour les contenus religieux musulmans sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, Instagram et YouTube, suscite des inquiétantes.

Les réseaux sociaux sont devenus le canal propice pour faire la propagande des discours extrêmes en Belgique. Ces dernières années, les influenceurs musulmans ont investi TikTok, YouTube et Instagram et sont suivis par des milliers d’abonnés, fait savoir La Libre. C’est le cas par exemple de l’imam Mustafa Kastit et d’Abdelkader Dahmichi qui bénéficient d’une large audience dans le pays. Ces influenceurs tiennent pour la plupart des discours très conservateurs, réduisant la foi à un ensemble de règles et de pratiques et d’interdits. D’autres insistent sur le respect de la charia.

À lire : L’Espagne expulse sans procès des « salafistes » marocains

Mais tous ces influenceurs ont un point commun : ils font la propagande du wahhabo-salafisme, un courant théologique venu d’Arabie saoudite. Selon ce courant, le fidèle musulman ne peut se rapprocher de Dieu, mais plutôt faire sa volonté en respectant ses commandements. Il est tenu de pratiquer sa foi avec rigueur. Ce discours salafiste a pris de l’ampleur dans le pays et a « pénétré toutes les couches des sociétés musulmanes, en Occident comme ailleurs. C’est désormais lui qui remplit tout l’espace culturel musulman, malgré la résistance de poches qui prônent un islam plus traditionnel et plus savant [tel qu’il est historiquement vécu au Maroc par exemple NdlR] », constate Gregory Vandamme, islamologue à l’UC Louvain.

Sur les réseaux, ce discours salafiste a la cote parce qu’il touche une cible en quête de repères. Dans des vidéos assez courtes, les influenceurs « vont donc s’attacher aux questions du quotidien, y définir ce qui est permis et ce qui est interdit. Ils témoignent de ce fait d’une vision très réductrice de la religion et de la spiritualité islamiques », explique Grégory Vandamme, soulignant toutefois que ces influenceurs n’incitent pas dans leurs vidéos à la violence ou au « djihad armé », mais ils « instaurent une vision du monde clivante, structurée entre des bons et les mécréants qui me semble néfaste ».

À lire : La Belgique déploie un officier de renseignement au Maroc

Mohamed Fahmi, chercheur associé à l’ULB et spécialiste de la propagande audiovisuelle de l’État islamique, partage cet avis. « Les courants salafistes ont très bien réussi à s’adapter aux nouvelles technologies, et bénéficient de beaucoup d’argent venu de l’Arabie saoudite, du Koweït, de certains cercles des Émirats, du Qatar, et parfois de l’Égypte. Ces pays ont pour stratégie délibérée d’arroser les réseaux sociaux de leurs discours, en complément de ce que l’on peut lire dans les ouvrages qu’ils vendent en Europe, et de ce que l’on peut entendre sur certaines télévisions satellitaires. N’oublions pas n’ont plus qu’ils forment chaque année des imams européens ».

Doit-on s’inquiéter de l’ampleur de ces discours ? Mohamed Fahmi répond : « Nous devons scrupuleusement tenir ce phénomène à l’œil. On constate qu’il y a bien davantage de personnes qui se revendiquent publiquement du salafisme qu’il y a quelques dizaines d’années ». L’attrait des jeunes pour les vidéos salafistes « répond à leur soif d’identité, de spiritualité et de communauté dans un monde individualiste. Ces vidéos véhiculent un islam de la frustration, un peu anxiogène, binaire et auront une influence délétère sur des jeunes isolés, en manque de sens et qui pourraient se radicaliser », analyse pour sa part Fati, 26 ans, éducatrice spécialisée à Liège.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Religion - Youtube - Instragram - Islam - TikTok

Aller plus loin

Merwane Benlazar viré de France 5 après une polémique sur son apparence

Accusé d’islamisme après sa première participation à l’émission « C à Vous » sur France 5 le 31 janvier dernier, l’humoriste Merwane Benlazar « ne sera plus à l’écran », a...

Pays-bas : des écoles musulmanes inquiètent

Aux pays-Bas, les résultats d’une enquête menée par le quotidien NRC et les équipes de l’émission "Nieuwsuur" inquiètent plus d’un. En effet, les enfants qui fréquent les écoles...

L’Espagne expulse sans procès des « salafistes » marocains

L’Espagne a expulsé ces derniers mois et sans procès préalable, des imams marocains accusés de salafisme dont notamment Mohamed Saïd Badaoui, Amarouch Azbi et Yahya Benaouda.

La Belgique déploie un officier de renseignement au Maroc

Après avoir déclaré leur soutien au plan marocain d’autonomie du Sahara, et effectué récemment une visite à Rabat, les autorités belges s’apprêtent à renforcer leur coopération...

Ces articles devraient vous intéresser :

Saïd Taghmaoui règle ses comptes avec Momo Bousfiha

Sur son compte Instagram, l’acteur franco-marocain Saïd Taghmaoui a mis sa querelle avec l’animateur vedette de Hit Radio, Momo Bousfiha sur la place publique.

Officiel : l’Aid Al Fitr célébré mercredi 10 avril au Maroc

Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a annoncé ce mardi soir, après la prière d’Al Maghrib, l’observation du croissant lunaire annonçant le début du mois de Chaoual 1445 H. C’est donc officiel, l’Aïd Al Fitr 1445 sera célébré demain...

Le Maroc envoie ses imams en France

La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger mobilise 272 prédicateurs dans 13 pays étrangers, dans le cadre du Ramadan 2025. Objectif, aider ces Marocains de la diaspora à préparer et vivre le mois sacré dans de bonnes conditions.

« J’ai visité le Maroc - voici pourquoi je n’y retournerai jamais »

Sur la toile, des tiktokeurs et Youtubeurs – dont des Américains – déconseillent à leurs followers de se rendre au Maroc et en évoquent les raisons. Ils disent ne plus avoir l’intention de retourner dans le royaume.

Maroc : la date de l’Aïd al-Adha 2024 connue

L’Aïd El Adha 2024 est l’une des célébrations les plus importantes pour les musulmans. Quand aura-t-il lieu au Maroc ?

Plagiat : les chanteurs marocains pris la main dans le sac

Plusieurs artistes marocains ont été accusés de plagiat ces dernières années. Les productions signalées ont été supprimées de YouTube.

Les Marocains fêteront-ils l’Aid Al-Adha cette année ?

Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), dément les rumeurs selon lesquelles le cheptel national en ovins et caprins serait « très en deçà » de la demande pour l’Aïd Al-Adha 2025.

Voici la date de l’Aïd el-Fitr en France

Débuté le 11 mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé samedi la date de l’Aïd al-Fitr marquant la fin de la période de jeûne à l’occasion de l’entame de la dernière...

Le Maroc va réguler TikTok

Face aux déviances observées sur certains réseaux sociaux, notamment TikTok, les autorités marocaines prévoient de mettre en œuvre une politique visant à restreindre l’utilisation de la plateforme chinoise.

L’Aïd al-Adha 2025 au Maroc en péril

Au Maroc, le cheptel local a été fortement impacté par sept années de sécheresse au point où la célébration de l’Aïd al-adha 2025 est menacée.