Le roi Mohammed VI a annoncé lundi, dans son discours de la Marche verte, son intention de « construire une flotte marchande nationale forte et compétitive », afin d’améliorer le commerce sur la côte atlantique.
Alors que ses contacts avec la presse ont été très rares depuis son accession au pouvoir en 1999, Mohammed VI du Maroc a saisi l’occasion d’une visite royale, celle que doit lui rendre Juan Carlos d’Espagne à partir de lundi, pour afficher, dans une longue interview publiée dimanche 16 janvier, son autorité et ses prérogatives de monarque quasi-absolu sur tous les grands dossiers du royaume.
Dans un long entretien au quotidien espagnol El Pais, le souverain marocain déborde le thème des relations maroco-espagnoles pour retracer son action personnelle sur les grandes questions nationales et internationales et évoquer l’avenir d’un pouvoir monarchique qu’il entend préserver.
Evoquant les relations entre Rabat et Madrid et le "respect retrouvé" entre les deux royaumes, au moment où il s’apprête à accueillir le roi Juan Carlos en visite officielle pour trois jours, le souverain marocain souligne le rôle du lien monarchique par-delà les vicissitudes politiques.
Lien monarchique
"Mon contact avec le roi d’Espagne n’a jamais été interrompu", assure Mohammed VI à propos de la récente période de forte tension dans les relations bilatérales, singulièrement lors du conflit de souveraineté en juillet 2002 autour de l’îlot désert Leila/Perejil proche de la côte marocaine.
Il y a "une relation intense, une imbrication entre nos deux pays et entre les deux familles royales. J’ai une véritable admiration pour le couple royal espagnol qui incarne pour moi l’aspect le plus positif de l’Espagne actuelle", ajoute le monarque, jugeant que "le fait que (Juan Carlos) soit aimé de toutes les couches de la société espagnole, prouve jusqu’à quel point la monarchie est populaire".
Une même personnalisation préside à sa vision des relations avec l’Algérie voisine, altérées de longue date par le conflit territorial du Sahara, un territoire revendiqué par le front Polisario avec le soutien d’Alger.
Tout en dénonçant une "campagne virulente (de l’Algérie) contre le Maroc en tant que partie au conflit", Mohammed VI souligne sa relation "excellente" avec Abdelaziz Bouteflika.
"Bouteflika, en tant que président de l’Algérie et moi-même, en tant que roi du Maroc, devons travailler pour aplanir les divergences et faire en sorte que la relation soit plus fluide", estime-t-il.
"Nombreuses réformes"
Le souverain marocain, qui ne cite pas son premier ministre Driss Jettou - choisi par lui-même en dehors de tout parti politique - se présente aussi comme l’architecte des principales réformes intérieures. "Vous savez je ne passe pas mon temps à énumérer les réformes que j’ai menées. Elles sont nombreuses", indique-t-il, avant de citer notamment le nouveau code de la Famille qui a fait largement progresser les droits des femmes.
Mohammed VI répond clairement par "non" à la question de savoir s’il est "envisageable que le Maroc devienne une monarchie parlementaire à l’image de celles des pays européens". "Il ne faut pas transposer le modèle des monarchies européennes. Nous avons nos spécificités et nos obligations qui tracent le chemin que nous devons parcourir", explique-t-il, tout en concédant que la constitution "n’est pas figée".
La réponse du souverain sur l’évolution des pouvoirs monarchiques - des pouvoirs quasi-absolus dans les domaines politique et religieux - intervient au moment ou quelques titres de la presse indépendante marocaine ont soulevé cette question très "sensible", s’interrogeant sur les sens d’une "transition démocratique" qui ne remettrait pas en cause un pouvoir de droit divin.
Nouvelobs.com
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