Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.
Sept cent soixante-trois ressortissants marocains sont retenus dans des centres d’accueil en Libye dans des conditions inhumaines. L’Association marocaine des familles victimes de l’immigration clandestine (AFVIC) ne cesse de dénoncer cette situation. Khalid Jamah, l’un des responsables de l’AFVIC, évoque des cas de torture et de spoliation de biens de migrants clandestins. Il accuse, également, des éléments des forces de l’ordre libyennes de ces actes. Il révèle aussi des cas de viol dans des centres de détention de jeunes émigrées en situation irrégulière.
Plusieurs témoignages des extradés marocains de Lybie confirment ses propos. Celui de Mehdi Rajaâ Allah est l’un parmi d’autres. Ce jeune homme de 31 ans, d’origine de Khouribga, s’est envolé, en mars 2005, pour Tripoli. Là-bas, il devrait entrer en contact avec un passeur libyen, censé organiser la traversée vers l’île italienne de Lampedusa.
Les projets de Mehdi sont tués à l’oeuf. À l’aéroport de Tripoli, alors que son passeport est en règle, Mehdi Rajaâ Allah est arrêté par la police des frontières. Son seul tort est le lieu de sa provenance : Khouribga, la ville minière productrice de phosphate et d’émigrés clandestins. Son document de voyage confisqué, il est placé en détention à la prison El Fellah de la capitale Libyenne. Sa descente aux enfers commence. Deux mois et demi de calvaire avant de retrouver les siens. Un pan de sa vie que Mehdi aimerait oublier.
En étouffant un sanglot, il fait appel à sa mémoire. « Nous étions entassés par centaines de différentes nationalités dans des cellules exiguës, pouvant contenir une vingtaine au maximum. Ma grande peur était de mourir par étouffement. Nous étions à la merci des humeurs de nos geôliers. Si l’un d’eux se réveille du mauvais pied, il se défoule sur l’un d’entre nous. Et, croyez-moi ! Les geôliers libyens excellent en matière de torture. Je me rappelle qu’ils ont arraché les ongles des orteils de certains détenus. C’était horrible. Sans parler des viols des femmes et des châtiments corporels systématiques. »
Mehdi Rajaâ Allah n’est pas le seul à avoir connu le cauchemar de la prison El Fellah. Kamal Ghalfi n’est pas prêt non plus à le revivre. Ce casablancais de 21 ans est aussi parti, en février 2006, en Libye pour tenter la traversée vers l’Italie. Son passeur, à qui il a versé 25.000 dirhams, l’attendait à l’aéroport de Tripoli pour l’emmener dans une villa située dans un quartier chic de la capitale avant de le transférer dans une chaumière rudimentaire pas loin du port Zouara.
Kamal Ghalfi fut surpris par le nombre des candidats à l’émigration clandestine présents sur les lieux. « Des hommes et des femmes de toutes les couleurs et les nationalités. Il y avait des Marocains, des Tunisiens, des Egyptiens, des Maliens et bien d’autres. La plupart d’entre eux attendaient d’embarquer vers l’Europe depuis des semaines dans des conditions dramatiques. »
Deux jours après son arrivée, l’heure du départ a sonné. Vers le coup d’une heure du matin, Kamal et ses compagnons d’infortune ont été placés dans des camions à destination d’une plage sauvage à proximité du port Souara. L’embarcation à moteur, ne supportant pas la surcharge, a chaviré en prenant le large. Kamal est parmi les rescapés. Sans être présenté devant aucune juridiction, il est mis en détention à la prison d’El Fellah pour un séjour de 21 jours. « Après un maigre petit-déjeuner, nous étions forcés d’effectuer de durs travaux. Si par malheur quelqu’un protestait, on le tabassait jusqu’à l’évanouissement. Parfois, on nous affligeait d’autres tortures. Par exemple, les gardiens nous obligeaient à nous tenir debout pendant de longues heures sous un soleil de plomb. »
Mehdi et Kamal ont eu la chance de rentrer chez eux vivants. Ce n’est pas le cas de Mohamed Aydouni. Ce jeune homme de 29 ans, parti en Libye pour passer en Italie, n’ a plus donné signe de vie. Après trois ans de vaines recherches, il a été déclaré officiellement mort. Mais, son corps n’a pas été retrouvé. Ses parents accusent les autorités libyennes de l’avoir liquidé. Fatéma Saâdi connaît le même désespoir. Elle n’a plus de nouvelles de son frère, Mohamed, depuis août 2006. La famille de Abderrahim Khettab, 28 ans, originaire de Settat, ignore où se trouve son enfant depuis son arrivée à Tripoli, le 17 août 2006. Des dizaines de jeunes Marocains sont dans le même cas. Leurs parents ont frappé à toutes les portes. Sans résultats. Ni les milieux associatifs marocains ni internationaux ni les officiels marocains ne sont arrivés à résoudre ce dossier épineux.
Nezha Chekrouni, l’ancien ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l’étranger, a déclaré que le Maroc est prêt à rapatrier ses ressortissants en Libye, sauf qu’elle a accusé le manque de collaboration des autorités libyennes, qui ne saisissent pas les services consulaires marocains dans tous les cas d’interpellation ou de jugement de Marocains. Entre temps, des dizaines croupissent toujours dans les prisons libyennes.
L’Association marocaine des familles victimes de l’immigration clandestine a bien entamé le dialogue avec des responsables du ministère de l’Intérieur libyen à travers une émission de la chaîne satellitaire arabe Al Jazeera. La réaction ne s’est pas fait attendre. Juste après ce débat télévisé, les autorités libyennes ont déféré en justice la majorité des immigrés clandestins marocains, qui ont été condamnés à des peines de prison allant de 3 à 4 ans. Pour Khalid Jamah, le dossier des Marocains de Libye est l’un des plus difficiles et des plus épineux que son association ait jamais eu à traiter.
La Libye reste un pays fermé à toutes propositions. Et les droits de l’Homme ne semblent pas être une priorité. Le Comité des droits de l’Homme de l’ONU, réuni le 1er novembre 2007, a bien dénoncé l’usage systématique de la torture et de traitements ou châtiments cruels et inhumains et dégradants en Libye après l’affaire des infirmières bulgares et le médecin palestinien. Si ces derniers ont connu un dénouement heureux, après une mobilisation européenne, les émigrés clandestins marocains ne risquent probablement pas de connaître le même dénouement. Presque personne ne s’occupe de leur sort.
Maroc Hebdo - Loubna Bernichi
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