Sur la question du Sahara, sensible pour le Maroc, comme sur celles relatives aux violations des droits de l’homme dans le royaume ou aux revendications sur Sebta et Melilla, les Marocains d’Espagne et notamment les personnalités, préfèrent ne pas se prononcer. Le rappeur Morad semble faire exception à cette règle. La star d’origine marocaine s’est attiré la colère des internautes après avoir publié en août dernier une vidéo sur TikTok dans laquelle il affirmait que « le Sahara appartient au Maroc ». Morad s’excusait ainsi après s’être affiché avec le drapeau de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) lors d’un concert. « Je l’ai confondu avec un drapeau palestinien ».
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Selon les dernières données de l’INE, les Marocains, avec 872 759 personnes, forment la plus grande communauté étrangère en Espagne, devant la Roumanie, le Royaume-Uni ou la Colombie. Les joueurs marocains Bounou ou Youssef En-Nesyri du FC Séville ont refusé de se prêter aux questions d’El Independiente sur ces sujets touchant au Maroc. Tout comme Mina El Hammani, l’actrice espagnole d’origine marocaine de 29 ans, et l’écrivaine Najat el Hachmi qui, elle, assure avoir déjà abordé plusieurs de ces thématiques dans ses chroniques publiées dans les médias. Le comédien Hamza Zaidi ou l’athlète Mohamed Katir, quant à eux, n’ont même pas répondu aux demandes d’interviews, déplore le journal.
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Interrogé sur le silence de ces Marocains qui ont réussi leur intégration en Espagne, un opposant marocain vivant en exil explique que « c’est une société complètement domestiquée. Il n’est même pas possible de trouver des voix critiques dans le pays ». Selon le rapport annuel d’Amnesty International sur la situation des droits humains, publié cette semaine, les autorités marocaines « continuent d’écraser les voix dissidentes, de disperser les manifestations pacifiques et de restreindre les activités de diverses organisations qu’elles considèrent comme des groupes d’opposition ». La répression contre les militants sahraouis s’est aussi intensifiée dans le royaume, note le rapport.
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Cette posture des Marocains d’Espagne est due au fait qu’« aucun parti espagnol ne s’est donné la peine de leur donner une voix, en leur permettant de participer aux élections municipales », soutient un expert, soulignant que les liens forts qui unissent encore ces MRE à leur pays d’origine, le Maroc, expliquent en partie ce silence absolu considéré comme garde-fou pour leurs retours sporadiques dans le royaume.