Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.
Huit lycéens sur dix fréquentent les cybercafés. Cette proportion n’a rien d’étonnant, certes. Mais quand on apprend que 42,8% des lycéennes affirment s’y rendre pour faire leurs devoirs, contre seulement 15,5% des garçons, là, il y a de quoi s’interroger. C’est l’un des constats que dresse l’Usaid, dans sa toute récente étude sur la participation des femmes au secteur des TIC, au Maroc.
Une différence considérable, qui illustre les « contraintes sociales et culturelles qui poussent les étudiantes, de manière consciente ou inconsciente, à justifier pour elles-mêmes et pour leurs familles leur présence au cybercafé, par une finalité éducative ». Pourtant, plus de quatre lycéens sur cinq ont affirmé que leurs parents les encourageaient, peu importe le genre, à utiliser l’informatique.
Selon l’enquête, ces encouragements sont sans doute liés au fait que l’Internet constitue une alternative au manque d’espaces institutionnels (bibliothèques, médiathèques, etc.).
Le travail révèle aussi que moins des deux tiers des lycéens disposent d’un ordinateur à domicile, expliquant du coup la popularité des cybercafés. Surtout qu’au moins trois étudiants sur quatre n’ont même pas accès à Internet dans leur lycée.
Mais le communément appelé « cyber » constitue également, pour les filles, un lieu où elles « peuvent nouer des amitiés ou d’autres relations affectives sans avoir à s’exposer au regard et au jugement des autres ». À ce titre, elles sont plus nombreuses que les garçons à chercher à tisser des liens par le biais de l’Internet (23% contre 15%).
« L’espace du cybercafé, à l’encontre du café, endroit public pas toujours apprécié socialement ni recommandé, préserve l’intimité des informations recherchées. La fille, face à la machine, pourrait nouer, renouer ou défaire des relations virtuelles », souligne le document. D’ailleurs, la proportion des filles qui ont déclaré fréquenter souvent les cybercafés (69%) est plus élevée que celle des garçons (59%). La mixité de l’espace cyber ne cause visiblement aucun problème, ni aux filles ni aux garçons : 88% des cybernautes ont affirmé ne pas être gênés par la présence de l’autre sexe.
C’est le groupe d’âge 14-19 ans qui utilise le plus les TIC dans les cybercafés (47% des usagers). Il est suivi des 20 à 26 ans (34%).
Il faut dire que le Maroc est venu plus tôt à l’outil informatique que plusieurs pays du monde arabe. Introduit véritablement en 1995, l’Internet a contribué à l’initiation aux TIC d’une bonne partie de la jeunesse instruite, et à l’émergence du besoin pour l’outil informatique.
La bonne nouvelle est que cette introduction s’est opérée sans grande discrimination envers les femmes. Par contre, en entreprise, la situation est beaucoup moins rose. En effet, les salariées n’ont, la plupart du temps, pas accès à l’outil informatique.
« L’analphabétisme qui les caractérise, leur niveau d’instruction très bas, l’environnement de l’entreprise où ils travaillent ne favorisent pas leur l’accès aux TIC. L’outil informatique demeure un moyen de travail réservé aux personnes qui occupent des postes de responsabilité », souligne l’enquête de l’Usaid.
Selon le travail, le fait que les femmes ouvrières n’utilisent pas les procédés informatiques dans le système de production peut avoir un impact négatif sur la compétitivité de l’entreprise, et même du pays. En prenant l’exemple des acteurs du secteur textile, l’Usaid rend un verdict assez sévère. « Ils ne semblent pas du tout acquis aux progrès des TIC, et à leur généralisation dans toutes les étapes de la production. C’est un facteur qui contribue à la faiblesse de la compétitivité de l’entreprise marocaine, voire à sa faillite. Les conséquences sur le secteur sont énormes et les femmes, qui constituent l’essentiel de la main-d’œuvre du textile, seront les premières à en pâtir ».
L’Economiste - Marie-Hélène Giguère
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