Face à la pire sécheresse qu’il connaît depuis quatre décennies, le Maroc prend des mesures pour réglementer la production de pastèques qui nécessite une importante quantité d’eau.
En Espagne, des centaines de Marocaines sont victimes de
hércèlement sexuel de la part de responsables d’entreprises
agricoles. Des plaintes ont été déposées.
C’est un énorme scandale qui vient d’éclater dans la région de Murcie, au Sud-Est de l’Espagne. Mardi 17 janvier 2006, sept Marocaines travailleuses agricoles saisonnières ont déposé des plaintes contre des contremaîtres d’entreprises agricoles qui leur ont réclamé des faveurs sexuelles en échange de travail. Une pratique enracinée dans le secteur.
Six des plaignantes accusent le contremaître, également marocain, d’une exploitation agricole de Cartagena. La septième, A. B., 21 ans, qui s’est retrouvée sans travail après avoir refusé de céder à ce chantage, pas plus tard que samedi 14 janvier, accuse deux Équatoriens d’une entreprise de Torre Pacheco.
Ce tabou avait déjà été ébranlé une première fois, une semaine plus tôt, par le quotidien régional espagnol La Vardad, qui a publié les témoignages de trois victimes marocaines. Puis ce fut le tour de la chaîne télé Canal 6, qui a montré les trois témoins, visages voilés, s’exprimant en dialectal.
Leurs témoignages sont accablants. Dans les provinces agricoles espagnoles ; des « centaines, des milliers » de Maghrébines et de Latino-américaines émigrées en Espagne dans l’espoir de gagner leurs vies dignement sont victimes de cette pratique humiliante, qui n’est pas sans rappeler le « droit de cuissage » moyenâgeux. Encouragées par l’Algérien Mustafa Chaala, syndicaliste de l’Union General de Trabajodores (UGT), qui leur servait d’interprète, elles ont déversé ce qu’elles avaient sur le cœur. Les trois dénonciatrices, qui ont exigé l’anonymat, ce qui se comprend aisément par la honte et la peur que leur malheur soit connu de leurs familles et connaissances, sont unanimes à déclarer que cette situation n’est pas nouvelle et est bel et bien généralisée. « Je suis arrivée ici légalement, il y a deux ans, et ce problème existait déjà », dit l’une d’elles. « Partout où tu vas, ils exigent tous la même chose ici », confirme une autre, allusion faite à la région de Cartagena, au Sud-est de l’Espagne.
Une troisième avance même que certains « contremaîtres paient une intermédiaire pour qu’elle leur trouve des “travailleuses” jeunes, célibataires et qui leur plaisent ». Arrivée en Espagne il y a quatre mois, cette dernière, 36 ans, préfère repartir au Maroc plutôt que de prêter le flanc à une telle humiliation. « Je me suis présentée à un responsable pour lui demander du travail, expliquant que j’en ai besoin pour soutenir ma famille. Il m’a répondu que si je veux travailler, je dois coucher avec lui. » Cependant, elle ajoute en connaître beaucoup d’autres qui « se sont résignées à céder, la mort dans l’âme. »
Suite à ces premières révélations, 20 autres Marocaines et 3 Équatoriennes ont à leur tour osé briser le silence, jeudi 12 janvier. Une parmi les dernières, désignée sous les initiales G.H.G., témoigne : « Il ne s’agit pas uniquement de contremaîtres marocains et équatoriens, des Espagnols font aussi partie du lot. Je connais une fille qui a été virée même après avoir cédé. Pourtant, ils sont plusieurs à s’être relayé sur elle ».
Pire, ce ne sont pas uniquement les femmes qui sont objet de chantage. Aux hommes, les contremaîtres indélicats exigent de l’argent. Mustapha Bouhchich, jeune Marocain de Torre Pacheco, confirme : « Si tu veux travailler, tu dois renoncer à une partie de ton salaire en faveur de celui qui te trouve une place. C’est la réalité, et tout le monde l’accepte, même si elle est injuste. »
La journée de travail de ces damnés de la terre, hommes et femmes, commence aux aurores, question de passer inaperçus. Ils sont dispatchés en fourgonnette par groupes de 10 ou 12 sur les nombreuses exploitations de la région fertile de Murcie, où ils passent la journée entière l’échine courbée à ramasser des légumes. Le soir arrivé, ils ne récoltent même pas la moitié de la valeur de leur dur labeur. Une situation digne des temps de l’esclavage.
Et les patrons des exploitations dans tout ça ? Certes, les témoins les disculpent, mais l’une d’elles ajoute tout de même qu’ils ne « se préoccupent pas de ce qui se passe dans leurs exploitations. Pour eux, tant que le travail est fait, tout va bien. »
Ce qui va moins bien, par contre, c’est le silence radio observé par l’Association des Travailleurs immigrés marocains en Espagne (ATIME), contactée par nos soins à plusieurs reprises, aussi bien dans sa branche locale de Murcie que celle nationale de Madrid.
Cela au moment où Mustafa Chaala, également président de l’Association des immigrés algériens en Espagne (AIAE) devait organiser, dimanche 22 janvier, une manifestation de solidarité avec les victimes pour sensibiliser l’opinion publique espagnole sur ce phénomène, mais surtout pour encourager plus de victimes à porter plainte.
Abdellah Rajy - Maroc Hebdo International
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