Le Maroc a décidé d’alléger considérablement les procédures administratives en matière du Droit de la famille, notamment le mariage, le divorce et l’état civil en faveur des Marocains résidant à l’étranger (MRE).
A l’instar des autres communautés établies dans le pays de l’Oncle Sam, les Marocains vivent tant bien que mal la récession qui s’est déclarée en 2007, conscients que le rêve américain s’évapore, le temps d’une grisaille économique « passagère », mais confiants qu’une embellie sera au rendez-vous.
« La crise n’a épargné personne », martèle Sobhi, propriétaire d’un commerce situé au quartier Sky line dans l’Etat de Virginie où vit une forte communauté arabe, notamment marocaine. « Les choses deviennent de plus en plus difficiles. Plusieurs personnes perdent leur job, la consommation baisse et le business a pris un sérieux coup », résume cet Egyptien qui emploie dans son magasin trois Marocains et compte également une grande clientèle marocaine.
La récession, qui a débuté fin 2007 aux Etats-Unis et continue à y sévir, semble impacter tout le monde à différents degrés, y compris ceux qu’on croyait à l’abri, souligne un jeune marocain travaillant dans ce magasin arabe.
Ils sont près de 150.000 Marocains installés aux Etats-Unis, a indiqué à la MAP Driss Temsamani, fondateur du think tank « 361 Degrees Institute » et président de « Moroccan American Coalition ». Une grande majorité vit à New York (16%), Washington DC (15%) et en Floride (13%), précise-t-il.
Au cours des cinq dernières années, la communauté marocaine aux Etats-Unis s’est élargie grâce, selon lui, à l’augmentation du nombre de visas permanents accordés par le gouvernement américain dans le cadre du programme de la loterie des cartes vertes. 63% d’entre eux ont la citoyenneté américaine et 25% sont encore résidents permanents, affirme-t-il, citant une enquête effectuée par « 361 Degrees Institute » avant les présidentielles américaines de 2008.
Il souligne que les Marocains « vivent mieux que les autres minorités ethniques », mais restent vulnérables à « quelques maux inévitables, tels la récession économique qui rend difficile l’accès au rêve américain ».
Selon lui, les transferts d’argent des Marocains résidant aux Etats-Unis auraient baissé de plus 20%, en comparaison avec l’année 2006. Une baisse attribuable à la dépréciation du dollar et aux difficultés d’accéder au marché de travail, en raison de la crise.
La récession a frappé de plein fouet des secteurs qui emploient de nombreux Marocains, comme l’industrie, le tourisme, l’hôtellerie ou la restauration.
« Dans les affaires, il y a des hauts et des bas. Mais la vie continue. Je garde toujours mon emploi et ma situation n’a pas changé », confie Khalid, 40 ans, cuisinier depuis 8 ans dans un hôtel. Il ressent la crise à travers la situation de collègues nouvellement recrutés dont les heures de travail ont été réduites ou de personnes obérées par des crédits qu’ils n’arrivent plus à honorer. Sur un ton optimiste, il ne se retient pas d’affirmer que « la crise est passagère et que les choses reprendront leurs cours normal dans peu de temps ».
Abderrahim, 35 ans, employé d’hôtel à Washington DC, admet que les opportunités d’emploi s’amenuisent en ces temps de grisaille économique. « Les choses ne sont plus comme avant », commente-t-il. Il dit n’avoir pas été affecté par la crise, mais évoque des connaissances qui sont au chômage depuis plus de six mois et arrivent difficilement à joindre les deux bouts.
Chauffeur de taxi depuis plusieurs années, comme de nombreux compatriotes, Nourredine souligne que le business est en déclin, en comparaison avec l’année dernière. « Le début de l’année 2009 a été dur pour nous, comme il l’est d’ailleurs pour tous », dit avec résignation ce Marocain installé depuis 13 ans aux Etats-Unis.
Il s’estime chanceux de vivre dans la capitale fédérale américaine où la crise ne pèse pas aussi lourd comme c’est le cas dans certains Etats, tels la Caroline du nord ou le Connecticut. « Je viens de rendre visite à des amis dans cette région. Les gens souffrent beaucoup, en raison de la fermeture de plusieurs usines et des suppressions massives d’emploi dans le secteur de l’industrie », rapporte-t-il. Il fait savoir également que la situation est dure pour les nouveaux arrivants.
Meryem, une jeune Marocaine fraîchement débarquée aux Etats-Unis, a du passer par des moments difficiles avant de trouver un job dans un café, par l’intermédiaire d’une amie.
Les personnes titulaires de la carte verte (Green Card) « n’arrivent pas à trouver facilement des emplois et ne peuvent pas, n’étant pas encore citoyens américains, compter sur l’aide du gouvernement », accordée aux personnes en situation précaire, explique-t-il.
Les cadres marocains, qui semblent être la frange tirant le mieux son épingle du jeu, disent eux aussi ressentir l’impact de la crise, mais « très légèrement ».
Selon Driss Temsamani, les Marocains comptent parmi les communautés qui ont un profil d’éducation très élevé. 41% détiennent des diplômes de 3e cycle universitaire et 21% sont cadres, fait-il savoir, ajoutant que 63% travaillent à plein temps et 21% ont un salaire annuel variant entre 55.000 et 74.000 dollars.
En dépit de la crise, les Marocains des Etats-Unis continuent à jouer un rôle important dans les activités économiques et sociales, ainsi que sur la scène politique, souligne M. Temsamani.
Dans la ville huppée de Bethesda (État du Maryland), des cadres marocains travaillant dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la recherche scientifique se disent n’être pas trop affectés par la crise, mais la ressentir légèrement et différemment.
Hakim, enseignant à l’Université Johns Hopkins depuis 13 ans, assure qu’il n’a pas été touché directement par la crise. Mais, il souligne que les prix de certains produits ont sensiblement augmenté, comme ceux des denrées alimentaires.
Pour Mohammed, ingénieur en programmation informatique qui exerce depuis 18 mois dans le secteur public, la crise a eu un impact sur son compte de retraite, alors que Fatima, cadre depuis plusieurs années dans une ONG, se plaint d’une réduction des bonus (primes).
Installé depuis 13 ans aux Etats-Unis, Hamid, universitaire et chercheur scientifique, estime que depuis l’avènement de la crise, « on a tendance à économiser un peu plus ».
Sur un ton incertain, Latifa confie pour sa part qu’il devient de plus en plus difficile de faire des « projections à long terme. On vit au jour le jour en attendant que la tempête passe », affirme cette jeune marocaine, installée depuis 2 ans aux Etats-Unis.
Source : MAP
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