Si le recours aux drones militaires n’est pas nouveau au Maroc, cette stratégie militaire s’est renforcée au cours de ces dernières années. Après les drones israéliens, le Maroc a acquis 13 drones turcs Bayraktar TB2, en a réceptionné six autres courant décembre, devra recevoir un deuxième lot de six drones en 2022, prévoit d’en acquérir auprès des États-Unis et de créer une industrie à vocation exportatrice « dans le cadre de la modernisation de l’arsenal des FAR afin de se préparer à faire face à tout danger et aux récentes hostilités ». « Le Maroc est le premier pays de la région à avoir introduit un drone militaire dans son arsenal dans la seconde moitié des années 1980, rappelle à TelQuel Abdelhamid Harifi, chercheur sur les questions de défense. Depuis l’expérience de la Guerre du Sahara (1975-1991, NDLR), l’intérêt accordé par le Maroc aux drones n’a cessé de prendre de l’ampleur, car cet outil très efficace permet d’épargner des vies humaines et de limiter les pertes de matériels militaires. »
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L’intérêt du Maroc pour les drones se justifie par leur efficacité, ces appareils ayant fait leurs preuves dans la guerre du Haut Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Cet intérêt réside aussi dans les capacités ISR (intelligence, surveillance et reconnaissance), mais aussi d’attaques contre des cibles terrestres et maritimes ou pour réduire les systèmes de défense anti-aériens ennemis, commente Nizar Derdabi, analyste en stratégie internationale, défense et sécurité. Selon lui, les FAR ont intégré le fait que le drone est l’arme de rupture par excellence dans les conflits futurs. « Ainsi, dans la même démarche anticipative qui avait permis au Maroc de se doter de satellites de surveillance en toute confidentialité, le commandement des FAR a investi sur des armes et technologies militaires avancées telles que les drones bien avant les autres forces armées de la région. Ce qui leur procure un avantage tactique et stratégique déterminant », ajoute Nizar Derdabi.
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Le recours du Maroc aux drones militaires se justifie par ailleurs par la nécessité de dissuader les velléités du Polisario et de l’Algérie. Cette dernière a d’ailleurs déployé de missiles à la frontière avec le royaume. « Aux frontières du Maroc, nous avons un pays très bien équipé avec des missiles S-300, S-350E et, bientôt, des S-400 en provenance de Russie, mais aussi en systèmes de défense anti-aérienne avec des Pantsir-S1/SM, Buk-M2 et Tor-M2 », liste Abdelhamid Harifi. « Cela peut présenter une menace contre notre aviation dans l’hypothèse de la création d’une zone d’interdiction. Pour contrer une attaque algérienne, le Maroc doit s’équiper de moyens adéquats pour faire face à cette défense et se doter de moyens pour empêcher d’activer leur système de dissuasion ou les brouiller dans le cas où ces systèmes seraient activés », ajoute l’expert dans le domaine militaire.
Avec sa nouvelle stratégie militaire, le royaume devient progressivement une puissance militaire montante de la région.