Maroc/OTAN : Pas de base militaire opérationnelle au Maroc

1er juin 2007 - 00h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’ambassadeur Alessandro Minuto Rizzo, Secrétaire général délégué de l’Alliance du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a écarté l’idée d’installer « une base militaire opérationnelle au Maroc », qualifiant toutefois de « très bonnes » et « stratégiques » les relations entre les deux parties. Celles-ci sont, toutefois, appelées à « se développer sur la plan quantitatif ».

« Une base militaire pour quoi faire ? » s’est-il interrogé, en réponse à une question posée par Al Bayane, car « même dans des pays comme la Macédoine ou la Croatie, on ne parle pas de base militaire » a-t-il précisé.
« Nous sommes très pacifiques et vous ne devez pas être préoccupés par une image trop agressive de l’OTAN » nous a-t-il déclaré.

Pour le secrétaire général délégué de l’OTAN, l’important n’est pas d’installer des bases, mais que les gens se comprennent entre eux ».
D’ailleurs, l’organisation envisage la mise en place d’une faculté à Rome qui va s’occuper des questions stratégiques dans le monde arabe. Cette décision sera entérinée dans une prochaine réunion de l’OTAN.
S’exprimant vendredi devant un parterre de journalistes marocains en visite au siège de l’OTAN, Minuto Rizzo a exprimé « une appréciation positive » sur le Maroc, pays vu comme étant « engagé dans la voie de progrès ».

« Je peux dire que la coopération militaire bilatérale est en train de s’améliorer, dans le respect réciproque » s’est il réjoui.
Selon lui, le Maroc n’est pas à ses débuts militaires, mais « c’est un pays ayant une sérieuse tradition militaire avec des forces armées très capables qui ont contribué à des missions de maintien de paix dans le monde à plusieurs reprises ». Les cas du Kosovo et de la Bosnie... sont cités en exemple.

Si la coopération OTAN - Maroc va bien, le secrétaire général-adjoint a toutefois, estimé qu’elle se situe « à un moment de transition » et qu’« il faudrait la développer en quantité ».

Si 3 ou 4 années ont été utiles pour tracer le cadre de base et de principes de la coopération bilatérale, « on pourrait faire plus que nous faisons aujourd’hui » a-t-il espéré.

Il faut rappeler que le Maroc, en plus de six autres pays - en l’occurrence la Mauritanie, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie et Israël -, est engagé dans le dialogue méditerranéen (DM), lancé en 1995 avec l’objectif de parvenir à une meilleure compréhension mutuelle et d’améliorer l’image de l’OTAN dans ces pays et de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région.

Ce dialogue a été progressivement renforcé. Depuis 1997, lors du Sommet de Madrid, il est doté d’un Groupe de coopération méditerranéenne, dans le cadre duquel se tiennent des consultations diplomatiques annuelles.

Quant à la coopération pratique, elle se fait sur la base d’un Programme de travail du dialogue méditerranéen ( MDWP) annuel comprenant diverses activités, notamment dans les domaines de gestion des crises, politique, stratégie de défense, prolifération d’armes de destruction massive (ADM), armes légères et de petit calibre, action humanitaire…
Ce programme s’est vu ensuite renforcé par un Programme militaire du dialogue méditerranéen (MDMP) dont l’ambition d’arriver à mettre en place l’inter-opérabilité entre les armées alliées et le DM.

Lors du sommet d’Istanbul en 2004, il a été décidé d’élever le niveau du DM au rang de partenariat, axé entre autres sur l’inter-opérabilité, la réforme des armées, la lutte contre le terrorisme et le renforcement du dialogue politique.

Premier pays du DM à être associé à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN en novembre 2004, le Maroc prône une « approche globale et coopérative ». Il était le premier pays de la rive Sud à abriter une réunion au niveau de directeurs politiques, du Conseil Atlantique Nord (NAC) de l’OTAN et les sept pays méditerranéens membres du Dialogue méditerranéen en avril 2006.

Il a participé à de nombreuses opérations de maintien de la paix menées par l’OTAN, notamment l’IFOR (Forces de mise en œuvre de la paix en Bosnie), SFOR (forces de stabilisation de la paix en Bosnie) et KFOR (Forces au Kosovo).

Le royaume participe au commandement des forces navales, dans le cadre de l’opération Active Endeavour, relative à la surveillance du trafic maritime en Méditerranée qui vise à lutter contre le terrorisme. L’échange de données et d’informations constitue un des volets de cette coopération.

Le royaume souhaite se positionner comme une force de proposition et d’action au sein des pays du Dialogue méditerranéen et renforcer son poids géopolitique et géostratégique. Il cherche aussi à développer ses relations avec l’Alliance et faire bénéficier son armée de l’expérience de l’Alliance en matière de sécurité. Après s’être représentés à deux précédentes réunions de ministres de la Défense à Séville et en Sicile, le Maroc devra participer à une prochaine réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères qui aura lieu en décembre prochain, et qui sera focalisée sur le volet politique.

Composée d’une quinzaine de journalistes représentants des médias écrits et audiovisuels, la délégation marocaine pilotée par deux cadres de la direction de communication du MAEC (ministères des Affaires étrangères et de la coopération) a effectué une visite d’information au siège central de l’OTAN, en réponse à une invitation de la Division de la diplomatie publique. L’objectif est de promouvoir une nouvelle image de marque de l’organisation. Avant les journalistes, c’était le tour de parlementaires.

Al Bayane - Mustapha Znaidi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Défense - Armement - OTAN

Aller plus loin

Le Maroc renforce son partenariat avec l’OTAN

Une mission diplomatique marocaine a visité le siège de l’OTAN, les 15 et 16 octobre 2019, dans le cadre du renforcement du partenariat de longue date établi entre le Royaume et...

Ces articles devraient vous intéresser :

Industrie de défense au Maroc : grosses ambitions pour 2024

Le Maroc a réalisé des bonds qualitatifs cette année dans le domaine de l’industrie de défense, a déclaré Abdelatif Loudiyi, ministre délégué chargé de la Défense nationale, rappelant l’objectif du royaume de réduire ses importations d’armes et de...

Les avions F-35, un rêve inaccessible pour le Maroc ?

Plusieurs médias marocains et israéliens ont annoncé l’acquisition « imminente » par le Maroc des avions de combat américains F-35. Selon le Forum Far-Maroc, il ne s’agit en réalité que d’une rumeur « infondée ».

Coup d’accélérateur pour la défense marocaine

Le gouvernement marocain a décidé de donner un sérieux coup de pouce à son industrie de défense. Réuni le jeudi 14 novembre, le Conseil du gouvernement a acté l’exonération temporaire de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les entreprises du secteur.

Sahara : un drone marocain abattu par le Polisario ?

Des images montrant un drone prétendument marocain abattu par le Polisario dans le Sahara circulent sur les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il en réalité ?

Espagne : Navantia démarre la construction du patrouilleur marocain

Les chantiers navals de Navantia, situés à Puerto Real et San Fernando, ont lancé lundi la construction d’un navire spécialisé pour la Marine espagnole, le “Poséidon”, ainsi que d’un patrouilleur hauturier destiné à la Marine Royale Marocaine.

Armée marocaine : une hausse historique du budget pour 2025

Le projet de loi de finances 2025 a prévu un budget de 133 milliards de dirhams pour le ministère de la Défense. Un budget en hausse par rapport à l’année 2024 où 124 milliards ont été alloués à ce département. Ces fonds serviront à l’acquisition de...

Industrie de défense : le Maroc franchit une nouvelle étape

Le Maroc ambitionne de faire partie du cercle restreint des pays leaders dans le domaine de l’industrie de l’armement. Le Conseil des ministres a adopté un décret portant création de deux zones d’accélération industrielles dédiées à l’industrie de...

Armée marocaine : budget record et capacités renforcées

Le budget du ministère marocain de la Défense atteint le niveau record de 124,7 milliards de dirhams (12,2 milliards de dollars). Et, les Forces armées royales (FAR) prévoient de conclure des accords records pour renforcer leurs capacités.

L’armée marocaine envoie l’artillerie lourde au Sahara

Après avoir prolongé en 2021 le mur de défense de 50 km à l’est pour sécuriser Touizgui dans la province d’Assa-Zag et compléter le dispositif sécuritaire à l’est, les Forces armées royales (FAR) ont déployé l’artillerie lourde dans la même zone.

Maroc : Création de zones pour la production d’armes et de munitions

Le Maroc vient d’autoriser la création de deux zones industrielles militaires. C’est ce qui ressort du conseil des ministres tenu samedi à Casablanca et présidé par le roi Mohammed VI.