
Plusieurs miliciens du Polisario auraient été tués par une frappe des Forces armées royales (FAR) lors du déplacement d’un véhicule dans la région de Lamhiriz, à l’est du mur de sécurité, au Sahara.
Le Maroc a soumis à l’ONU, mercredi 11 avril, un projet d’autonomie pour le Sahara, visant à "mettre fin à l’impasse" de plus de trente ans sur le statut de l’ancienne colonie espagnole, annexée par Rabat en 1975. Les indépendantistes du Front Polisario ont rejeté le plan, qui consacre la souveraineté marocaine, et présenté un projet alternatif préservant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Le projet marocain n’est, selon une source sahraouie pro-marocaine, que "l’ossature d’un plan destiné à s’étoffer". Il prévoit pour les habitants du Sahara un Parlement et un gouvernement autonomes, "comparables à ce qui existe en Espagne". L’enseignement ou la gestion des affaires du Sahara reviendraient à ce pouvoir autonome, alors que les affaires étrangères, la défense, la monnaie, la gendarmerie ou la douane resteraient aux mains de Rabat.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dépositaire de la nouvelle initiative, a, selon une source onusienne, rappelé au Maroc que toute solution devrait être "mutuellement acceptable" et a fait référence aux résolutions du Conseil de sécurité, qui mentionnent le droit à l’autodétermination. Le Conseil de sécurité, qui doit renouveler, fin avril, la Mission des Nations unies au Sahara (Minurso), examinera le projet.
Proposition "crédible"
La monarchie chérifienne maintient son refus du plan "Baker II", du nom de l’ancien secrétaire d’Etat américain, qui prévoit un référendum d’autodétermination après une autonomie de cinq ans. La diplomatie marocaine s’est lancée, ces derniers mois, dans une vaste offensive diplomatique, sur tous les continents, pour défendre son plan, qui exclut l’indépendance.
Le Front Polisario, qui mène une contre-offensive, ne fait pas l’unanimité au Sahara, où le Maroc a eu l’habileté de réactiver le Conseil des tribus sahraouies (Corcas), tombé en désuétude, et l’a associé à l’élaboration de son projet d’autonomie. Epuisée et démoralisée par un conflit qui s’éternise, la population sahraouie n’est pas insensible aux positions du Corcas et rejette aussi bien le pouvoir central marocain que la tutelle du Front Polisario ou de son parrain algérien.
Cette lassitude, la communauté internationale la partage. Cela explique les réactions globalement favorables au projet marocain de pays tels que la France, la Belgique et l’Espagne. Chacun voit là une coquille vide qu’il convient de remplir, avec l’espoir d’aboutir un jour à un compromis acceptable par tous, sur le modèle nord-irlandais.
Le numéro trois du département d’Etat américain, Nicholas Burns, a qualifié la proposition de "sérieuse et crédible". Les Etats-Unis "espèrent" qu’elle "va provoquer un débat et offrir l’occasion au Maroc et au Polisario d’ouvrir des négociations directes, sans conditions préalables", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le Monde - Florence Beaugé et Philippe Bolopion
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