
Abdelkader Amara n’est plus membre du parti de la justice et du développement (PJD). Lundi, l’ancien ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau a annoncé sa démission du parti islamiste après une réflexion sur ce que...
Les islamistes marocains, forts d’une implantation croissante et de leurs récents succès électoraux, multiplient les interventions dans la vie culturelle du pays pour dénoncer la "dépravation" et les "dérives" venues de l’Occident.
Les appels à un ordre moral islamiste sont le plus souvent lancés ou soutenus par les membres du Parti justice et développement (PJD), une formation islamiste "modérée" qui a réalisé une importante percée électorale lors des élections législatives de septembre 2002.
Le PJD, devenu la première force d’opposition parlementaire, n’a pas tardé à mettre à profit cette tribune nationale pour afficher son intransigeance sur le respect des "valeurs et traditions arabo-musulmanes", intervenant aussi bien dans le domaine de l’éducation nationale que dans ceux du spectacle ou des habitudes vestimentaires.
Quelques scènes qualifiées de "pornographiques" ont ainsi valu de vives critiques au jeune réalisateur marocain Nabil Ayouch pour son dernier film "Une minute de soleil en moins". Les députés du PJD ont demandé l’interdiction de cette production dans les salles marocaines et le remboursement à l’Etat des aides financières reçues par le réalisateur à l’occasion du tournage.
Cet appel à la censure à été suivi d’une vive polémique dans la presse marocaine, mettant aux prises les titres proches des islamistes, en particulier le quotidien Attajdid, et les journaux socialistes ou indépendants en lutte contre les "intégristes", les "obscurantistes" et autres "fascistes".
Les centres culturels et établissements d’enseignement étrangers installés au Maroc sont également la cible des critiques islamistes. Ces institutions, qui prennent une place importante notamment dans les milieux aisés, sont accusées de propager des valeurs occidentales et laïques.
Le député Abdelilah Benkirane, l’un des principaux responsables du PJD, a estimé que les jeunes Marocains qui font leurs études dans les établissements étrangers souffrent d’une "très grande lacune concernant leur culture islamique et la connaissance de l’histoire de leur pays".
L’influence islamiste est d’ores et déjà prédominante dans les universités marocaines, selon plusieurs enquêtes récemment publiées dans la presse.
Sur les campus, ce sont les militants de l’association radicale Al Adl Wal Ihssane, tolérée par les autorités mais non reconnue, qui ont pris la place occupée naguère par la gauche et l’extrême gauche, y compris aux commandes de la puissante Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM).
Sur le plan vestimentaire, un accroissement très notable du port du voile islamique a été remarqué, notamment dans les grandes villes marocaines, sans qu’un lien puisse être établi avec une "consigne" qui aurait été donnée par les islamistes. Certains journaux assurent pourtant que des pressions et menaces croissantes sont exercées sur la voie publique à l’encontre des femmes non-voilées.
M. Benkirane a indiqué à ce propos qu’il fait "une différence entre les femmes qui ne portent pas le voile, mais qui s’habillent quand même d’une façon décente (...), donc qui se respectent et qui respectent la société".
"Les femmes qui s’habillent de façon provocante, je leur dis, vous avez absolument tort", a-t-il ajouté dans un entretien au quotidien Maroc-Ouest.
L’humoriste français Laurent Gerra a fait il y a quelques jours les frais de ce même climat dans un incident plus politique, les islamistes mettant à profit l’appui des Marocains à la cause palestinienne.
Un spectacle que donnait Laurent Gerra le 28 janvier à Casablanca a été mis en cause par un groupe de manifestants islamistes qui lui reprochaient ses positions jugées "pro-sionistes".
Neuf personnes ont été arrêtées lors de cet incident et déférées devant un tribunal de Casablanca. Me Abderrahmane Benameur, ancien bâtonnier et ex-président de l’Association marocaine des droits humainsindépendante) a assuré que les neuf accusés ont exprimé, en manifestant, "le sentiment de tout le peuple marocain".
AFP
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