L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.
La publication marocaine Le Journal Hebdomadaire a annoncé jeudi à Casablanca sa décision de poursuivre en justice la Direction de la surveillance du territoire (DST, contre-espionnage marocain) pour avoir "arrêté arbitrairement", la veille, deux de ses journalistes.
Ali Amar, directeur général du Journal et le journaliste Mouaad Rhandy, ont été interceptés mercredi par la police et interrogés longuement à propos de révélations sur des scandales financiers contenues dans le dernier numéro de cette revue.
Aboubakr Jamaï, directeur de la publication, a indiqué jeudi au cours d’une conférence de presse à Casablanca que les deux journalistes ont dû répondre jeudi matin à une convocation de la police judiciaire dans cette ville et qu’ils étaient toujours interrogés dans les locaux de la police en fin de journée.
"Nous allons attaquer en justice la DST et son directeur pour vol de documents personnels, arrestation et séquestration abusives de nos deux journalistes", a-t-il annoncé.
Les deux journalistes, auteurs d’une interview explosive de Moulay Zine Zahidi, ancien directeur du Crédit Immmobilier et hôtelier (CIH), ont été retenus par les services de la DST au moment où ils passaient le poste frontière pour se rendre à Sebta, une enclave espagnole au nord du Maroc, a réaffirmé M. Jamaï.
Aboubakr Jamaï a rappelé qu’une dizaine de policiers étaient présents, dont ceux de la DST, et qu’ils ont confisqué "tous les documents et objets personnels en possesion des deux journalistes y compris des photocopies concernant l’affaire du CIH".
M. Jamaï a assuré que les documents saisis par la police n’ont aucun caractère confidentiel. "Si nous voulions transmettre à l’étranger des documents confidentiels concernant le CIH on aurait pu le faire par le biais du fax ou de l’internet et ne pas envoyer deux journalistes hors du royaume", a-t-il souligné.
L’organisation Reporters sans frontière et le Syndicat national de la presse marocaine ont dénoncé l’interrogatoire des deux journalistes par la police ainsi que l’interdiction qui leur a été faite de quitter le territoire marocain.
L’interview de Moulay Zine Zahidi contient des révélations concernant les scandales financiers qui ont entouré la gestion du Crédit Immobilier et hôtelier, impliquant plusieurs anciens responsables de cette banque et diverses personnalités politiques.
Un rapport accablant sur la gestion du CIH avait été publié le 18 janvier 2001 par la Chambre des représentants, révélant de "graves irrégularités" portant sur des crédits d’un montant total de 1,34 milliard de dollars. Une enquête parlementaire avait été ouverte.
"Nos ennuis sont la conséquence de la publication de cette interview", a estimé Aboubakr Jamaï avant d’ajouter : "Si Zine Zahidi s’est confié à nous c’est tout simplement parce qu’il a fait état de révélations qui n’ont été mentionnées ni dans le rapport de la Chambre des représentants ni dans les rapports d’audition de la police".
AFP
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