L’été est la saison des congés par excellence. Nombreux sont les célibataires des deux sexes (cadres, fonctionnaires, employés...), qui en profitent pour tenter de dénicher l’oiseau rare. Un oiseau rêvé dont chacun se fait sa propre image. Les uns, volages, veulent l’apprivoiser pour un temps. Pour un temps seulement. Les autres, le veulent pour la vie. Pour partir en « chasse », les uns et les autres « bougent » plus que d’habitude. Chacun y va à sa façon, selon ses moyens.
Dans leur quête, certains chasseurs des deux sexes ne quittent pas leur propre ville ou patelin. La plage, la piscine, le cinéma, le café..., sont pour eux autant de « terrains d’investigation ». D’autres, préfèrent se déplacer parfois à l’autre bout du pays, voire à l’autre bout du monde.
Une autre catégorie estime que tout peut se passer tout juste dans le cercle familial. C’est donc dans ce cercle qu’elle limite « sa chasse ». Du reste, celles et ceux, plus rares, qui croient encore au coup de foudre estiment qu’il ne sert à rien de chasser. Leur devise tente de résister au temps : « Tout arrive à point pour qui sait attendre ».
« Attendre ? Jusqu’à quand ? », répliquent les moins patients. Ceux-là, plutôt que d’attendre, préfèrent sonner le hallali via internet et/ou à travers des agences matrimoniales. Elles aussi s’activement davantage durant l’été, la saison des mariages par excellence.
Fête de mariage : Evénement porte-bonheur !?
« Une invitation à une fête de noces peut être un cadeau du ciel », pense Khadija. A son avis, « il n’y a pas meilleure ambiance pour rencontrer un prétendant ou plaire à une mère qui veut marier son fils. Il en existe encore ! ». « L’un de mes cousins et ma meilleure amie ont rencontré chacun son conjoint dans un mariage », raconte-t-elle. « Pourquoi pas moi ? », doit-elle se demander depuis.
Khadija est ravie d’avoir reçu, dès le début de cet été, deux invitations pour des fêtes du mariage. Pour répondre à l’une des deux invitations, elle devra se déplacer de Casablanca jusqu’à Tanger. Mais, la distance ne la décourage pas. Elle espère ne pas en revenir bredouille.
C’est connu, une fête de mariage à la marocaine rassemble beaucoup de monde et demeure parmi les rares occasions où les barrières entre filles et garçons tombent et où la drague est autorisée. Exceptionnellement, les parents ferment les yeux en cette occurrence. D’ailleurs, Khadija n’aurait jamais été autorisée à effectuer son long voyage s’il n’y avait pas l’excuse de l’invitation au mariage. Seulement, elle doit se donner un mal fou pour briller le jour de la fête !
Dans les traditions marocaines, il y a tout un rituel pour se préparer à assister à une cérémonie de mariage. Surtout pour la gent féminine.
« Il y a d’abord l’inévitable séance de hammam, puis celle du gommage de la peau et ensuite du maquillage », confie Khadija. Et de renchérir : « la coiffure spéciale fête est primordiale, tout comme le meilleur caftan possible et bien sûr les bijoux ».
Dans un subtil jeu de séduction, l’invitée fait tout pour ne pas passer inaperçue. Certaines vont jusqu’à louer caftans et parures pour se faire belles. D’autres s’endettent pour s’offrir un caftan dernier cri sur mesure. Financièrement, cela peut beaucoup leur coûter. Mais qui veut se marier, ne compte pas.
Les hommes ne sont pas en reste. Louer des vêtements n’est pas encore dans leurs pratiques. Mais les emprunter chez des amis, si. Tout comme la séance du hammam, de coiffure et même de gommage, voire de maquillage pour certains.
Le jour « j ». Bien des choses se passent tacitement lors des danses collectives, sous le rythme endiablé de la musique populaire. Dans un mariage, on échange des regards, des numéros de téléphone, des propos, voire les premiers baisers et parfois des promesses de mariage.
Rencontres high class
Pour rencontrer leur âme sœur, certains célibataires misent gros. Surtout quand ils sont à la recherche d’un futur conjoint à la poche remplie. Elles et ils prennent des lieux huppés comme terrain de « chasse » et investissent boîtes sélect, restaurants chics, clubs privés... De même, quand ils voyagent, ils ne vont pas ailleurs que dans les coins réservés à la jet set à Marinasmir, aux riads de Fès ou de Marrakech...
« Certains (es) MRE ne rentrent l’été que pour tenter le coup en ces lieux », affirment un « conquistador » averti. « Du reste, affirme-t-il, de nombreux célibataires jettent leur dévolu sur les lieux hautement touristiques. C’est là qu’ils pensent avoir plus de chance d’avoir la possibilité de tomber sur un futur conjoint de nationalité étrangère ». Il précise : « les francophones sont les plus recherchés ».
Festivals des amours
Trouver son âme sœur dans un festival, ce n’est pas seulement à Imilchil que cela peut arriver. A Casablanca, Essaouira, Fès, Marrakech, Agadir, parmi des milliers de festivaliers qui partagent, dès le départ le même goût musical, le déclic se produit pour quelques âmes. Ils découvrent alors les uns chez les autres d’autres affinités. Du coup, pour certains couples, la relation peut aller loin.
Au fil des festivals, il viendra un jour où il faudra créer un festival spécial pour ceux qui ont trouvé leur âme sœur...Dans un festival.
La marche des prétendants
En été, les lieux de villégiatures sont pris d’assaut par les vacanciers d’ici et d’ailleurs. Dans les villes côtières, ce sont les plages qui accueillent les foules. Ailleurs, les clairières des forêts, les abords des rivières et même les jardins publics ne désemplissent pas. Et partout se rencontrent des promeneurs et des promeneuses parfois venus de lieux et d’horizons divers. L’occasion pour certaines et certains de faire la rencontre de leur vie ou de la provoquer. Parce que l’été est aussi la saison de la drague, qui a ses règles (les piétons n’ont pas les mêmes que les personnes motorisées), son cérémonial, son langage (vulgaire ou recherché). Et de nos jours, ce n’est plus uniquement une affaire de mecs.
Les chiffres du célibat
Selon les résultats du recensement de 2004, les personnes mariées représentaient les deux tiers des personnes âgées de 15 ans et plus au début des années 70 ; elles ne sont plus aujourd’hui qu’un peu plus de la moitié (52,8 %). Le célibat, en revanche, a augmenté en passant, sur la même période, de 25% à près de 40% de la population (âgée de 15 ans et plus). Parmi la population des célibataires, les hommes sont plus nombreux (4,5 millions) que les femmes (3,5 millions).
Les hommes sont célibataires à 98 % dans la tranche d’âge 20-24 ans et à 78 % dans la tranche 25-29 ans.
La Moudawana booste les mariages
Selon le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, qui s’exprimait, le 3 février 2006 à Rabat, lors d’une journée d’étude dédiée à l’évaluation de l’expérience de l’application du code de la famille, les jeunes filles ont compris qu’elles peuvent contracter leur mariage elles-mêmes et sans tutelle. C’est pour cette raison, d’après le ministre, qu’en 2005 une augmentation du nombre des mariages de l’ordre de 3,4% par rapport à 2004 a été enregistrée. Par ailleurs, une baisse de l’ordre de 6,97% par rapport à 2004 a été enregistrée au niveau des mariages polygames.
Le Reporter - Mohamed Zainabi