
Le Polisario critique le rapport du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sur la situation au Sahara qui l’accable et accuse le Maroc de violation continue de la présence et du travail de la MINURSO.
Les résultats de la visite du chef de la diplomatie algérienne à Rabat (jeudi et vendredi derniers) confirment les véritables intentions de M. Bouteflika à l’égard du dossier sahraoui. Le Président de la République a en effet chargé notre ministre des affaires étrangères d’un message, à la teneur secrète, qui semble satisfaire totalement le souverain marocain à tel point que ce dernier évoque à présent sa « volonté de relancer les relations bilatérales ».
Un langage nouveau chez un roi qui refusait cet été encore l’envoi d’une délégation marocaine en Algérie dans le cadre de l’UMA en raison de la position algérienne vis-à-vis du Sahara.
Mais voilà cependant que Mohammed VI accepte à présent de donner un nouveau souffle au processus de « normalisation » entre les deux pays et donne son aval pour la relance des commissions mixtes chargées de faire le point sur les problèmes entre Alger et Rabat. L’idée n’est pas nouvelle puisqu’au lendemain de la fermeture des frontières (en 1994) un projet similaire avait vu le jour suite à une rencontre discrète entre des délégations des deux pays. Des groupes de travail algéro-marocains ont ainsi été mis sur pied pour évaluer les différends, mais leur mission s’est achevée avant même de démarrer en raison des tergiversations marocaines. Dans un entretien accordé quelque temps après à un quotidien de la presse nationale, Salah Dembri, ministre des Affaires étrangères à l’époque, imputait cet échec à un problème de fond soulevé par la délégation marocaine. Les délégués de Hassan II avaient en fait reçu consigne de poser le problème du Sahara comme préalable à toute autre discussion.
Le même plan est reconduit aujourd’hui mais avec une nuance de taille. Le terrain semble avoir été totalement balisé de façon à permettre aux commissions mixtes de mener à bien leur mission. Comment expliquer sinon la célérité avec laquelle ces groupes ont été mis sur pied ? Avant de quitter Rabat, Abdelaziz Belkhadem a annoncé que ces groupes se réuniront à partir de la semaine prochaine. « Ils doivent travailler d’arrache-pied afin de proposer des solutions concernant les différents dossiers bilatéraux dont l’ouverture des frontières entre les deux pays », a-t-il déclaré au cours de la conférence de presse qu’il a animée. Doit-on s’attendre à du nouveau sur la question ? Peut-être bien à en croire les propos tenus par notre ministre des Affaires étrangères en réponse à une question d’un journaliste. « Le problème, dit-il, a pris une dimension beaucoup plus grande qu’il n’en a parce qu’il suffit de réunir les groupes de travail et de proposer aux autorités algériennes et marocaines des solutions à certains problèmes pendants qui concernent notamment la circulation des personnes et la lutte contre le trafic de drogue. » « L’ouverture des frontières serait une conséquence logique de la solution des problèmes qu’on pourrait apporter », a-t-il ajouté. L’Algérie aurait-elle par conséquent renoncé aux excuses exigées des Marocains au lendemain des incidents qui ont conduit à la fermeture des frontières ?
La présence de M. Guendil, secrétaire général du ministère de l’Intérieur, dans la délégation accompagnant M. Belkhadem pourrait en tout cas signifier que les discussions sur le sujet ont probablement atteint un stade plus avancé qu’on ne pourrait le croire. L’agence de presse algérienne APS se contente quant à elle de rapporter que les entretiens entre M. Guendil et son homologue marocain, Mustapha Sahel, ont porté sur les préparatifs de la prochaine visite du ministre marocain de l’Intérieur à Alger. La même source ne fournit cependant aucune indication sur les motifs de cette visite. Des informations émanant de sources généralement bien informées indiquent que ce déplacement pourrait intervenir au cours des prochaines semaines et concerne le problème des frontières. Leur réouverture, ajoutent les mêmes sources, pourrait dans ce contexte constituer un gage de bonne volonté dans le processus enclenché.
Telle que présentée, cette question devrait en tous les cas être résolue bien avant les conclusions des travaux des groupes mixtes appelés quant à eux à remettre leurs propositions aux Premiers ministres algérien et marocain au prochain sommet entre Mohammed VI et Bouteflika pour « transcender les quelques incompréhensions qui existent entre nos deux pays », tient à souligner M. Belkhadem. Quant au conflit du Sahara, « l’Algérie encourage toute solution politique ayant l’accord des parties conformément à la légalité internationale ». Des propos sans équivoque qui confirment là encore toutes les informations en cours sur les pressions exercées par M. Bouteflika sur les Sahraouis dans le but de leur faire accepter l’autonomie sous contrôle marocain proposée par James Baker. Et sans doute faut-il voir également dans la déclaration de M. Belkhadem la réponse de l’Algérie à ces mêmes propositions.
Abla Chérif - le Matin Algérie
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