« De nombreuses femmes marocaines mariées à des citoyens libyens souffrent énormément en raison de la culture des familles libyennes qui refusent le mariage de leurs fils avec des étrangères et les regardent avec mépris et dédain, ce qui aggrave les problèmes familiaux et encourage le mari à abandonner sa femme », affirme l’une de ces femmes, Siham, née en 1981 et mère de trois enfants auprès de Hespress. Mariée à un Libyen depuis 2010, elle confie avoir été confrontée à quelques problèmes au début, « mais ces derniers temps, la situation a pris une tournure dangereuse, allant jusqu’à des agressions physiques répétées sans raison et devant les enfants ». Elle ajoutera : « Mon mari ne dépense plus pour moi ni pour ses enfants, qui sont aujourd’hui hors des salles de classe en raison de son refus de fournir les documents administratifs nécessaires pour leur scolarisation. » Siham dit avoir sollicité l’aide des autorités consulaires, sans obtenir gain de cause. « Les autorités consulaires ont également refusé de délivrer des passeports à mes enfants, qui ont également la nationalité marocaine, pour retourner au Maroc en raison de la nécessité d’obtenir l’approbation du père absent ». Face à la situation, elle appelle les autorités de Rabat à intervenir pour résoudre son cas et à travailler pour sauver ses enfants et ceux de nombreuses autres Marocaines de la perte et de l’errance. Aidée par certains membres de la communauté qui se sont penchés sur sa situation, elle a entamé les démarches de divorce.
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Les Marocaines qui ont divorcé de leurs maris libyens et les veuves sont elles aussi confrontées à de nombreuses difficultés, notamment le refus de payer la pension alimentaire, et les tentatives d’exclusion de la part des familles de leurs maris. Elles vivent dans des conditions sociales et économiques difficiles, aggravées par leur ignorance de la loi libyenne, l’analphabétisme et l’exil, en plus du regard social qui les poursuit. La majorité d’entre elles arrivent à survivre grâce à l’aide et à la solidarité de certains Libyens et des membres de la communauté marocaine en Libye. L’association « Amitié Maroco-libyenne » figure parmi leurs bienfaiteurs. « L’association accueille de temps à autre des cas de Marocaines mariées à des Libyens, surtout celles qui ont des enfants. Il est observé dans la plupart des cas que les maris se moquent de leurs femmes et exploitent le fait qu’elles sont expatriées sans soutien familial dans leur pays d’exil, ce qui complique leurs situations », confirme son directeur exécutif. Selon ses explications, les Marocaines divorcées sont contraintes de chercher du travail, et ce sont généralement des emplois que les femmes libyennes n’acceptent pas de faire, comme le service domestique et d’autres travaux très épuisants. « Ces femmes sont obligées de pratiquer ces métiers pour subvenir aux besoins de leurs enfants face à la cherté de la vie et des loyers », ajoute-t-il.
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Le responsable a en outre précisé que son association intervient pour aider certaines victimes dans la mesure de ses capacités, notamment en ce qui concerne la régularisation de leur situation juridique. Actuellement, elle dit suivre le cas d’une Marocaine abandonnée par son mari libyen, qui a commis contre elle un acte de violence. « Elle est maintenant sans abri avec ses enfants à la périphérie de la ville de Misrata, et n’est plus capable de travailler en raison de sa maladie. Elle avait lancé un appel à l’aide via les réseaux sociaux, auquel l’association et un groupe de membres de la communauté marocaine en Libye ont répondu pour la secourir, tandis que les autorités libyennes et marocaines n’ont rien fait », a-t-il précisé.