« Avec mon futur mari, nous avons beaucoup discuté de nos religions respectives et de l’éducation que nous donnerions à nos enfants. Je suis protestante, mais opposée à certains dogmes. Alors que mon mari, musulman, est un croyant convaincu. Il me paraissait plus simple d’élever nos enfants dans sa foi plutôt que de leur transmettre mes doutes. » Monica, d’origine suédoise, mariée depuis quinze ans à Lhassane, un Marocain, affirme que ses enfants sont plutôt « fiers d’être musulmans ».
Résidents à Tolochenaz (VD), ils ont fréquenté l’école coranique, font leurs prières et se rendent « parfois » la mosquée. Mais Monica sait que ses ados seront amenés une fois adulte à faire des choix, comme celui du port du voile pour sa fille, susceptibles de changer le regard des autres. Monica l’admet, les autres couples mixtes qu’elle connaît et qui durent sont ceux qui n’ont pas pris à la légère les questions culturelles et religieuses et qui en ont parlé assez tôt. Isabelle Levy, formatrice en milieu hospitalier en France et qui vient de sortir un ouvrage sur les couples mixtes*, admet que même si l’on n’est pas pratiquant « certains traits culturels ressurgissent au moment de la naissance des enfants. Sans compter la pression des familles ».
Y a-t-il des religions qui s’harmonisent mieux que d’autres ? Oui, dit Isabelle Levy, le judaïsme et l’islam sont plus proches dans leurs rites que de toute autre religion. Mais face aux unions mixtes, aucune religion n’est vraiment bienveillante. Rien n’est fait pour donner des éléments des deux cultures. Et même dans les couples interconfessionnels catholiques-protestants, « c’est souvent l’ignorance de l’autre qui domine » explique Véronique Mettaz, qui a élevé ses quatre enfants dans les deux confessions. « Rien d’œcuménique n’est vraiment proposé. Il faut faire les démarches tous seuls. »
Francesca Argiroffo - RSR