Elle longe la mer du cap des trois fourches jusqu’au cap de l’eau. Elle est située à l’aval d’un chéneau constitué essentiellement de deux plaines successives, les plaines des oueds Garb et de Bouarg, qui synchronisent un même cours d’eau. Cet ensemble singulier et parfaitement harmonieux est surplombé par la montagne du Gourougou au Nord-Ouest, le massif de Kebdana et du Jbel Ziata au Sud. En somme, tous les condiments paradisiaques pour relancer des actions de développement sur ce merveilleux site naturel.
Cette lagune est séparée du grand Bleu méditerranéen par un cordon dunaire quaternaire de 24 km de long et qui a résisté aux aléas du temps malgré le travail acharné des marées. On y trouve de belles plages en sable coquillé englobant des biocénoses d’une grande valeur écologique. Un cordon qui s’est transformé à plusieurs reprises en une digue naturelle isolante en fermant le passage qui la relie à « la grande mer » et qui isolait faune et flore de leurs prorogations naturelles. L’actuel passage de Bokhana a été stabilisé en 1993 par la fixation artificielle de deux digues assurant la navigation entre les deux mers.
Des travaux périodiques de curage en assurent le renouvellement permanent des eaux marines. C’est un micro système de lagune marée qui sert de site d’hivernage pour les oiseaux migrateurs qui y trouvent nourriture et refuge. Certains y nichent à l’instar de la Petite Sterne, le Pied Avocette, le Goéland railleur, le Tadorne de Belon, le Canard siffleur et le Fuligule milouin. C’est aussi un gîte naturel pour une soixantaine d’espèces de poissons constituée de mollusques, de céphalopodes et de crustacés Une biodiversité écologique et biologique qui lui a valu le titre de site Ramsar. La Mar Chica revêt aussi une importance socio-économique pour les 700 marins qui la sillonnent sur 308 barques traditionnelles et qui totalisent plus de 17 000 sorties par an.
Seulement, avec le temps, la lagune est devenue une décharge de tous les maux de la province. Le dispositif d’assainissement existant, qui est constitué de quatre stations d’épuration, Nador (100.000 EqHab), Arouit (45 000 EqHab) et les stations de lagunage Beni Nssar et Selouane avec (34.000 EqHab), reste insuffisant du moment qu’une grande quantité des résidus s’acheminent tranquillement vers la lagune et l’infecte. Pour résoudre ce problème, les pouvoirs publics ont opté pour une solution dans le cadre du schéma-directeur d’assainissement global du grand Nador. Toutes ces eaux seront rassemblées dans une seule station d’épuration compacte qui sera érigée à Bouarg.
Les eaux traitées seront exploitées en agriculture avec une partie réservée à l’arrosage des deux golfs de Nador. C’est ce qu’a expliqué à ALM Omar Naji, chef de projets d’investissement au Centre régional d’investissement. Il a souligné que ce travail d’épuration est une condition sine qua non pour assurer la fiabilité écologique requise pour les grands projets structurants qui viennent d’être lancés. Un projet qui commence par la dépuration définitive de la lagune. Les eaux usées de toutes les agglomérations avoisinantes, à savoir Bni Nssar, Nador, Zeghanghane, Selouane, Taouima qui étaient déversées directement dans la lagune entravaient tout effort d’exploitation de ce site.
Une lagune protégée et revalorisée est en mesure de transcender le paysage touristique de toute la province. C’est ce qui est en train de se réaliser, puisque Nador vient de regagner les régions à grand intérêt économique. Ainsi, un projet d’ensemble touristique qui sauvegarde les richesses environnementales et qui offre de réelles opportunités de décollage touristique vient de voir le jour avec un budget de onze milliards de dirhams. Sept projets d’envergure sont lancés pour viabiliser tout ce paysage en destination touristique prisée. L’aménagement du golf de Nador est d’un intérêt écologique avec la création d’une ceinture verte protectrice sur trois kilomètres et d’un golf côtier à Bouarg. Ce projet abritera des hôtels lacustres avec zones résidentielles pour un tourisme huppé. De son côté, Alkaria sera propulsée en cité à offre diversifiée couvrant tourisme de masse et de haut standing.
La corniche de Nador constituera la façade attractive qui contribuera à la modernisation de la ville grâce à un front de mer qui reliera Atalayoune au parc des deux rives qui sera aménagé pour conforter l’intérêt paysager qu’offre cette péninsule. L’attractivité proposée touche les sports nautiques avec la disposition de ses côtes à la pratique de l’hydravion. C’est une activité qui était jadis pratiquée avec des avions décollant et se posant à la surface de l’eau mais qui prendra une grande dimension avec les nouvelles infrastructures et les nouveaux types d’avions réservés à ce sport. Ce site exceptionnel par sa topographie et sa végétation luxuriante, verra l’installation d’unités hôtelières et des lieux de vie accompagnant la base nautique. Une pinède constituée essentiellement de villas complétera l’offre nautique de la corniche et d’Atalayoune.
Aujourd’hui le Maroc - Ali Kharroubi