Le procureur général du Maroc, Al-Hassan Al-Daki, a interdit aux fonctionnaires et huissiers de justice d’installer et d’utiliser les applications de messagerie instantanée, et principalement WhatsApp, sur leurs téléphones professionnels.
Plus de 85 % des riads à Marrakech sont détenus par des étrangers (essentiellement français) qui se sont improvisés hôteliers et exerçant en toute clandestinité en dépit de la loi 61-00 portant sur le statut des établissements touristiques. Laquelle loi fait obligation aux gérants et propriétaires des maisons d’hôtes classées d’adhérer à une association représentative de leur activité.
La maison d’hôte classée doit obligatoirement être en règle avec la législation en ce qui concerne la patente, le registre de commerce, le paiement de la TVA et des diverses taxes en vigueur, la réalisation d’un bilan de la société effectué par un expert-comptable agréé, la déclaration du personnel auprès de la CNSS. Toutefois, sur le terrain, peu de maisons d’hôtes respectent ces dispositions légales malgré les facilités accordées par les autorités concernées.
Pourtant, ces propriétaires gagnent un argent vraiment fou. Déjà, ils sont payés en devises en France mais aussi dans quelques autres pays. De plus, le prix moyen d’une nuitée/chambre varie entre 500 et 1500 dh dans une modeste maison d’hôtes. Un chiffre d’affaires qui peut atteindre 5 millions de dirhams par maison d’hôtes ou riad qui a une capacité minimale de 5 chambres. Un jackpot alléchant qui explique la frénésie immobilière s’emparant des ruelles de la Médina de Marrakech.
A signaler qu’à Marrakech, considérée comme Patrimoine universel par l’Unesco, les statistiques officielles font état de près de 750 maisons d’hôtes traditionnelles. Sur cet ensemble, 420 maisons seraient classées. Sur, ce nombre, 70 maisons seulement sont détenues par des Marocains. De 1997 à 2004, c’est le flou total à cause du non-respect des dispositions de la loi 61-00.
Concernant le fisc, des gérants et propriétaires de maisons d’hôtes n’hésitent pas à avancer l’idée que c’est au fisc de venir récupérer ses droits alors qu’il appartient à ces maisons d’hôtes de réaliser leurs opérations comptables et d’honorer leurs engagements fiscaux comme c’est le cas pour les hôtels pour lesquels elles constituent d’ailleurs un véritable concurrent.
Il paraît, selon une source bien informée, que seules 30 maisons d’hôtes fournissent leurs statistiques à la délégation du ministère du Tourisme. De surcroît, la plupart des maisons d’hôtes et autres riads exercent dans la clandestinité. Sans aucun respect pour l’Etat d’accueil, ces propriétaires accueillent leurs clients à l’aéroport et les ramènent directement à leurs maisons d’hôtes. Concernant ces dernières, il est difficile de savoir s’il s’agit d’une résidence privée, une maison d’hôtes ou autre chose. En effet, pas d’enseigne distinctive.
En somme, les points forts de ce genre de propriétaires sont faciles à résumer : exploitation du personnel non déclaré, absence d’assurances, restauration anarchique au détriment du voisinage, prix exagérés, "prestations douteuses", fraude fiscale. Certes, ce n’est pas le cas dans toutes les maisons d’hôtes mais c’est pratiquement la règle, ne serait-ce qu’en matière du non-respect de la loi réglementant cette forme d’activité touristique. De ce fait, elles réalisent des bénéfices énormes au détriment de l’économie et des opérateurs touristiques de Marrakech sans la moindre contribution aux efforts de promotion de la ville ocre.
En dépit de l’existence d’une association représentant les propriétaires de ces établissements, force est d’admettre que son poids est insignifiant pour diverses raisons.
Conscient de la gravité de la situation, le wali de Marrakech aurait récemment appelé les propriétaires et gérants des maisons d’hôtes à respecter le cadre juridique régissant les établissements touristiques. Mounir Chraïbi a appelé les propriétaires des maisons d’hôtes de la cité ocre et sa région au strict respect du cadre juridique régissant les établissements touristiques, car il y va de l’amélioration de l’image de la ville.
Intervenant lors d’une rencontre destinée à l’examen de différentes questions relatives à la situation des maisons d’hôtes, M. Chraïbi a exprimé le souhait de voir ces infrastructures respecter notamment la loi 61-00 portant statut des établissements touristiques, surtout en termes de déclaration des taux d’occupation.
Il a évoqué, à ce propos, le grand écart constaté entre les statistiques d’arrivées de touristes émanant de l’aéroport de Marrakech-Ménara et celles des hôtels classés de la ville, expliquant cette situation par le nombre important de visiteurs hébergés dans des maisons d’hôtes mais non déclarés auprès des services concernés.
M. Chraïbi a appelé les propriétaires de maisons d’hôtes à mieux s’organiser, à travers l’adhésion à l’Association des maisons d’hôtes de Marrakech et du Sud (AMHMS), qui ne compte que 60 maisons d’hôtes membres parmi les 750 répertoriées à travers Marrakech et sa région.
Selon des statistiques du Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech, la cité ocre et sa région comptent 750 maisons d’hôtes, dont 421 classées. Elles disposent de 5.750 lits, soit près de 20% de la capacité totale d’hébergement.
Libération - Mohamed Kadimi
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