
La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.
Nicolas Sarkozy est sur tous les fronts de l’islam de France. Samedi 29 mars au matin, devant un congrès de la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (Ffaiaca), dans les locaux de l’Unesco, à Paris. Samedi après-midi, il assistait au quatrième congrès du Conseil des imams de France, à la mosquée Tariq-Ibn-Zyad des Mureaux (Yvelines).
Ce lieu de culte traîne pourtant une réputation sulfureuse : il serait sous influence d’un islam pur et dur, de type salafiste, tant par les sermons qui y sont prononcés que par le public qui le fréquente.
Ses responsables affirment que cette page est désormais tournée, que l’endroit a été "nettoyé". La mosquée Tariq-Ibn- Zyad est singulière à bien des égards : c’est sans doute la seule salle de prière musulmane de France aménagée dans un ancien commissariat de police. Récemment, le pavillon de meulière a été doublé d’un édifice moderne, qui constitue l’une des plus grandes mosquées des Yvelines.
Le Conseil des imams de France, association créée en 1992, dit représenter un tiers des cadres religieux musulmans exerçant en France. Son secrétaire général, le Tunisien Dhaou Meskine, est imam à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et directeur de l’Ecole de la Réussite, un collège musulman situé à Aubervilliers. Il n’appartient à aucune des fédérations ou grandes mosquées qui participent à la consultation sur l’islam de France.
L’heure est à la campagne électorale : les élections des conseils régionaux et du Conseil français du culte musulman (CFCM) auront lieu les dimanches 6 et 13 avril. C’est dire si les imams sont courtisés. Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris, liée à l’Algérie, n’était pas présent au rassemblement des Mureaux, mais il avait envoyé un message de soutien. Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), liée au Maroc, a insisté dans un discours sur la nécessité de régulariser les imams sans papiers. Seuls les responsables de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, n’étaient pas représentés.
"Un droit légitime"
Le ministre de l’intérieur a ôté ses mocassins pour pénétrer dans la salle de prière, fouler les tapis richement décorés et prendre la parole devant les imams. Il a abordé ce qui devrait devenir un dossier prioritaire une fois élu le CFCM : la création d’une filière de formation des imams en France. "Il m’appartient bien d’affirmer que les imams doivent pouvoir être formés en France, connaître notre pays, ses traditions et ses lois, a-t-il insisté en s’adressant aux cadres religieux. Je sais fort bien que beaucoup d’entre vous ne sont pas français, qu’ils ne connaissent pas ou mal notre langue et qu’ils ont été formés à l’étranger. (...) Il vous appartient de préciser vos besoins de formation. Nous étudierons ce qui relève des établissements publics ou de structures privées. C’est un travail qui prendra du temps."
Selon une enquête récente du ministère de l’intérieur, plus d’un millier d’imams exerceraient leur prédication en France. Seulement 9 % seraient de nationalité française. 40 % seraient Marocains, 24 % Algériens, 15 % Turcs, 6 % Tunisiens et 6 % originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient.
M. Sarkozy a aussi demandé aux imams d’appeler "au calme et à la sérénité" dans le contexte de la guerre en Irak. "Mon rôle aujourd’hui, mais aussi le vôtre, est de veiller à ce que personne ne prenne prétexte de la guerre pour attiser des conflits entre religions et communautés et déstabiliser notre pays, a-t-il souligné. Chacun peut manifester ses convictions et s’opposer à la guerre. C’est un droit légitime. Mais vos coreligionnaires ne doivent pas céder à l’exaspération des attitudes. Cela conforterait les extrémistes, quels qu’ils soient."
Source : Le Monde - Xavier Ternisien
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